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Biographie de Mose Yeyap (1895-1941)

Frère cadet du roi Nsangu, ce grand dignitaire de la cour et lettré bamun est le cousin direct du roi Ibrahim Njoya, et à plus d’un titre son alter ego. Baptisé par Göhring le 25 déc. 1909, il suit l’école protestante de la Mission de Bâle. En 1916, dirige l’école du roi. Dès mai 1918, il sera nommé, en raison même de sa double appartenance familiale et religieuse, premier écrivain interprète de la subdivision de Foumban. Ce poste auprès de l’administration française lui assure une situation sans équivalent. Mose Yeyap a suivi le chemin de la dissidence et du protestantisme, mêlant ainsi son combat politique contre le sultan (roi) Ibrahim Njoya à ses aspirations religieuses et ses ambitions novatrices en matière de patrimoine culturel. En 1933, l’année même de la mort du roi, Il sera licencié par le chef de subdivision, et deviendra planteur à Baïgom.

Les photographies du plus emblématique des Chrétiens, Mose Yeyap, laissent transparaitre, dans son attitude face à l’objectif comme dans les arrière-plans, (sa maison, son musée, son cheval), une personnalité émancipée, consciente de sa valeur aussi bien face au roi que vis-à-vis des Européens.

Mose Yeyap devant son musée. Auteur inconnu. Cliché donné par Jean-René Brutsch au Defap. Copyright Service protestant de mission Defap. CM. P. FGB-JB088.

La Docteure Josette Debarge, donatrice d’objets bamum au MEG, mentionne régulièrement Mose Yeyap comme son pourvoyeur de pièces ethnographiques et son informateur quant à leur nature et leurs usages.

Voici comment Mose Yeyap, « cet éminent révolutionnaire » (c'est ainsi que Pittard le surnomme) présente au conservateur du MEG sa vision des arts bamum dans son courrier daté du 2 mai 1930 (AVG 350.A.1.1.1.4/9): « Je m'intéresse moi-même tout spécialement à ce qui caractérise la tribu à laquelle nous appartenons. J'essaie de donner à nouveau à notre peuple le goût de tous les travaux de décoration dont nos pères aimaient orner leurs maisons. [...] Depuis quelques années Foumban possédait un musée groupant des objets anciens. Mais nous trouvons maintenant cette petite maison bien insuffisante nous sommes en train d'en construire une beaucoup plus grande. Nous l'ornons de frises analogues à celles qui décoraient autrefois les maisons bamouns, les piliers qui soutiennent le toit sont des colonnes où sont sculptées des scènes de la vie indigène. » À la commande de Pittard rédigée en ces termes « notre intérêt c'est d'avoir les objets les plus anciens, ceux qui n'ont pas subi une influence européenne », Yeyap répond : « Je vais me mettre à chercher des objets très anciens, mais comme ils sont rares et précieux pour nous, j'attendrai pour vous les envoyer que Mademoiselle Debarge soit de retour parmi nous » (AVG 350.A.1.2.2/2).

La collection et les archives du MEG conservent de nombreux dessins dont certains sont clairement attribués à Mose Yeyap, tandis que d’autres, anonymes, semblent aussi être de sa main.

Dessin de Mose Yeyap à l’encre sur papier. Représentation naturaliste du crapaud. Don Josette Debarge avant 1930. 30x20 cm. MEG ETHAF 040434.


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