Objet 48 : 10

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Figure canine Janus kozo
Congo, RD Congo ou Angola, Bas-Congo, forêt du Mayombe
Yombe. Fin du 19e siècle
Bois, fer, laiton, matières composites. L 73 cm
Acquise à Paris en 1930
MEG Inv. ETHAF 012780

Notice

Dans la classe des « fétiches à clous », les silhouettes anthropomorphes ou minkisi nkondi, demeurent les plus connues. Pourtant, dans l’aire culturelle Kongo, ces sculptures hérissées de lames et lestées de charges magiques peuvent aussi revêtir une apparence canine, évocatrice des sens développés de cet animal domestique, protecteur et instrument de recherche des sorciers.

Le kozo, un nkisi ayant l’apparence d’un chien avec une tête à chaque extrémité du corps, fut très en vogue sur la côte de Cabinda dans les années 1880, en pleine expansion coloniale, période à laquelle la société kongo cherchait activement à se rassembler et à se restructurer pour faire face à la colonisation. Il fallait notamment gérer la contradiction entre résistance à l’envahisseur et volonté de développer avec lui des relations commerciales. Les minkisi étaient au cœur des rituels qui se développaient dans ce contexte. La représentation d’un chien bicéphale n’est pas une simple figure de style. Le chien est en effet considéré comme un médiateur entre le village – c’est l’animal domestique qu’on ne mange pas – et le royaume des ancêtres – la forêt où l’on chasse le gibier, cheptel des ancêtres défunts qui veillent sur les vivants. On dit que les ancêtres ont quatre yeux et que pour rejoindre leur monde, il faut traverser un village de chiens. La configuration janiforme de ce nkisi accentue son ambivalence et son omnipotence : cet esprit n’a plus d’avant ni d’arrière, il attaque de part et d’autre, sa vision est périphérique.

Boris Wastiau

Bibliographie


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