Objet 57 : 12

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Masque portrait guro gyéla lu zahouli (fiali) au sommet duquel est représentée Mami Wata
Côte d’Ivoire
Guro ou Baule. 20e siècle
Bois. H 50.5 cm
Acquis de l’ethnologue allemand Hans Himmelheber en 1967;
collecté par lui en 1963
MEG Inv. ETHAF 033697

Notice

Ce masque en bois, originaire de Côte d’Ivoire, est attribué à un sculpteur guro ou baule. Le visage féminin d’un rouge éclatant est surmonté d’un groupe de personnages sculptés environnés de serpents. Les masques de divertissement de la mascarade seri sont toujours féminins et peints de couleurs vives. Ils sont portés par les hommes, dissimulés sous des costumes aux couleurs chatoyantes. Leurs danses accompagnées par un orchestre sont sollicitées dans de nombreuses occasions festives auxquelles toute la communauté participe.

On nomme les masques de ce type « masque portraits » car ils évoquent délibérément une personne et portent son nom. Ici, le visage féminin aux traits délicats est peint en rouge et marqué par l’accentuation au trait noir des sourcils, des contours des yeux et des scarifications. Suivant l’angle sous lequel on le croise, le regard de ce masque-visage est soit baissé, soit médusant. La chevelure coiffée en nattes est à son tour teinte de noir brillant. Une collerette composée d’une série de triangles noirs et blancs contourne le bas du visage.
En son sommet se déroule une scène représentant la célèbre Mami Wata, (ou Mami Waters), une divinité liée au milieu aquatique, une sirène, mi-femme, mi-poisson, ou une femme à la chevelure longue et sauvage, dont les membres inferieurs sont toujours invisibles. En effet, à droite et de profil, un homme assis joue de la clarinette double face à 4 serpents dressés, tandis qu’à gauche, une femme à la chevelure luxuriante, au visage extatique et au poing levé, charme deux serpents qui s’enroulent autour de son corps. Un grand nombre de cultes régionaux portant le nom de Mami Wata ont été documentés tout au long du 20e siècle au sud-ouest du Nigeria, et ensuite dans presque toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre, du Burkina Faso a la Tanzanie et a l’Angola.

L’ethnologue allemand Hans Himmelheber, qui céda ce masque au MEG en 1967, fournit en même temps une affichette imprimée en chromolithographie. Collectée comme le masque vers 1963, elle reproduit le tableau d’une charmeuse de serpents. Cet exemplaire est issu d’un tirage exécuté à la demande d’un marchand ghanéen par la Shree Ram Calendar Company à Bombay en 1955-1956, d’après l’édition originale réalisée à Hambourg par Arnold Schleisinger à la fin du 19e siècle. La correspondance entre la scène reproduite sur le masque et la chromo est frappante car presque tous les détails de l'image sont copiés sur la sculpture : les vêtements et les accessoires de la charmeuse, la position des serpents, ainsi que celle du joueur de clarinette face aux reptiles. Clairement, il s’agit de l’imitation directe par le masque d’une image d’origine euro-indienne. Cette analogie est significative d’une phase importante dans l’art d'Afrique de l’Ouest au 20e siècle, celle des correspondances établies entre différents registres de production visuelle, locale et allochtone. Le spectaculaire comme la représentation du quotidien et de l’actualité deviennent des sources d’inspiration dans la création plastique.



Charmeuse de serpents
Chromolithographie dont les originaux ont été réalisés entre 1880 et 1887 par la Cie Adolph Friedlander à Hambourg.
Cet exemplaire est issu d’un tirage exécuté à la demande d’un marchand de Kumasi (Ghana) par la Shree Ram Calendar Company à Bombay en 1955-1956 d’après la première édition.
Papier. L 35,5 cm, l 24,5 cm
Acquise de l’ethnographe Hans Himmelheber en 1967
MEG Inv. ETHAF 033696


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