Objet 1 : 6

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Étui contenant une amulette coranique
Sénégal.
18e ou début du 19e siècle
Cuir, coton, perles de verre. L 30 cm
Don du professeur d'arabe Jean Humbert au Musée académique en 1820;
récolté par César Hyppolite Bacle
MEG Inv. ETHAF K000238

Notice

Ce talisman se présente sous la forme d’un étui en cuir très ouvragé. Tressé de fils de métal, il peut être fermé grâce aux cordelettes de cuir enfilées dans des anneaux de verre et qui se terminent par un pompon de laine. L’amulette glissée à l’intérieur de la gaine de cuir est un paquet d’étoffe cousue que l’on extirpe par une boucle de fil de coton. Des versets du Coran copiés sur un petit papier enroulé sont vraisemblablement dissimulés dans cette poche de tissu.

L'objet a été offert par le pasteur et professeur genevois Jean Humbert au Musée académique en 1820. Ce dernier avait étudié l’arabe à Göttingen et à Paris et enseignait à l’époque cette langue à l’Université de Genève. C’est sans doute pour cette raison que son petit cousin, l’explorateur César Hyppolite Bacle, lui avait offert ces objets de curiosité au retour d’un de ses deux voyages exploratoires au Sénégal entre 1819 et 1821. Lui-même avait fait de nombreux dons à cette institution genevoise, comme l’atteste une missive adressée au directeur du Musée académique le 27 septembre 1819 et dont voici un extrait : « A mon arrivée du Sénégal, je m’empresse Monsieur de vous adresser divers objets intéressants, que je rapporte de ce pays. Veuillez je vous prie les faire agréer de ma part, à Messieurs les administrateurs du musée de notre ville. Je désire infiniment que ces objets puissent leur être agréables, et qu’ils soient reçus avec autant de plaisir que j’en ai eu à les offrir, et que j’en ai eu à m’occuper de leur recherche dans l’intention d’en faire hommage à notre musée. J’ai ici quelques oiseaux vivants de ce pays, tous ceux qui mourront seront envoyés à M. Linder pour être empaillés pour le musée. Veuillez agréer Monsieur les sentiments d’estime et de considération de votre très humble et très obéissant serviteur, César Hyppolite Bacle. »

Autour de 1820, le Capitaine Bacle participait à des voyages de reconnaissance sur le fleuve Sénégal pour le compte de la France en train de prendre possession de cette colonie en vertu du Traité de Paris. Nous savons qu’il en rapporta des collections d’insectes, de reptiles, d’oiseaux empaillés, de botanique et d’ethnographie, qu’il céda au Musée académique dont il avait été nommé membre correspondant.

Dans une listes d’objets de curiosité destinés au musée que Bacle avait rédigée avec le vocabulaire de ce début de 19e siècle, on trouve la description d’un talisman semblable à l’amulette dissimulée dans la gaine de cuir : « Grigri ou amulette des Nègres : Ils la portent au col. Les prêtres insèrent dans l’intérieur des sentences arabes qui ont la vertu, suivant eux, de préserver les porteurs de toute espèce d’accidents ; le maroquin est également fait par les Maures. »

Bibliographie


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