Objet 1 : 70

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Figure féminine
RD Congo, nord Ituri
Zande-Mangbetu. Fin du 19e- début du 20e siècle
Bois (Uncaria sp.). H 71 cm
Acquise des marchands-collectionneurs parisiens Pierre et Suzanne Vérité en 1968
MEG Inv. ETHAF 033987

Notice

Les marchands Pierre et Suzanne Vérité, rejoints par leur fils Claude dans les années cinquante, sont connus pour la qualité des œuvres qu’ils proposaient dans leur galerie Carrefour, ouverte en 1937 au boulevard Raspail à Paris. On souligne volontiers le regard d’artiste que Pierre Vérité, peintre lui-même, posait sur les «bois noirs» qu’il privilégiait et qui provenaient, directement ou à travers un autre marchand, de l’espace colonial sans être jamais documentés. L’appellation d’art «primitif» renvoie de manière générale les auteurs de ces sculptures à un anonymat qui se perd dans une nuit intemporelle et qui laisse le champ libre au pouvoir créateur du marchand découvreur.

La statuaire zande-mangbetu présente des décorations corporelles faites de grandes lignes courbes parcourant le cours nu. Ces décorations se rapportent à une peinture de la peau autrefois courante. Les femmes mangbetu et celles de diverses formations sociales et culturelles apparentées, comme les Makere (Congo, dans le nord Ituri), se peignaient et se paraient en fonction des circonstances. La décoration de la peau avec des lignes et des points était largement répandue parmi les ethnies de la région.

Dans cette même population, les crânes des enfants étaient déformés au cours de leur première année de vie et ce jusqu’à l’âge de dix-huit mois grâce à un gainage de cordelettes, ce qui avait en outre pour effet de brider les yeux des sujets, dont la physionomie était ainsi définitivement transformée. On retrouve très clairement ces éléments dans la sculpture anthropomorphe. Comme la peinture corporelle, cette pratique fut partagée par la plupart des sociétés de la région – Barambo, Makere, Zande, Mangbetu, Budu, Mayogo, Lese, Mamvu, Medje -, groupes qui comptaient tous parmi eux des sculpteurs qui à un moment ou à un autre représentèrent ces crânes allongés et les coiffures zande et mangbetu qui leur étaient associées.


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