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Coiffure féminine sperada ou guazz
Suisse, Tessin
19e siècle
Argent, métal, soie et fibres animales
diam. 2.5 cm, L 20.5 cm
Acquis du Village suisse de l'Exposition nationale suisse par le Musée archéologique en 1896
MEG Inv. ETHEU K002123

Notice

Cette coiffure élaborée typique de la région des lacs, de la Lombardie, la Brianza et le Tessin est un élément majeur du costume traditionnel féminin jusqu’à la fin du 19èmes siècle. Une des premières représentations picturales, réalisée à l’aquarelle par Domenico Aspari en 1811, figure dans l’édition de l’Enquête Napoléonienne commissionné sur les us et coutumes d’Italie. Mais les registres notariaux attestent son existence dès le 16ème siècle.
Il s’agit d’un bel exemple de bijoux cumulatif car la sperada se constituait par étapes au cours de la vie d’une femme accompagnant chacun de ses changements physiques, sociaux ou économiques.
Le premier élément, lo sponton, était offert à la jeune fille pubère par ses parents, afin qu’il retienne les nattes sur la nuque. Il marque ainsi son entrée dans le monde des adultes et son statut d’épouse potentielle.
C’est le fiancé qui ensuite offre à sa promise les spadit ou spadini. Ces éléments que l’on appelle argenti da testa ne sont pas seulement un gage d’amour mais des indicateurs qui affichent que le cœur de la jeune fille n’est plus à prendre. Le jour du mariage la coiffure s’enrichit d’un nombre variable de cugialitt (petites cuillères), fusellin ou spazzaorecc. Ces ornements que l’on utilisait aussi pour nettoyer les oreilles, correspondaient normalement à l’âge de la mariée et pouvaient augmenter d’année en année (comme les spadits). La guazz fournissait donc des renseignements précis sur le statut de la femme mais aussi sur la condition économique de la famille à laquelle elle appartenait par naissance ou par alliance. Ces bijoux lui appartenaient en propre et la femme pouvait en disposer dans les moments de besoin.
Cette coiffure permettait aux femmes d’avancer à tête découvertes (fait exceptionnel pour l’époque) mais sa mise en place était minutieuse. Un savoir-faire particulier et un aide extérieur étaient recommandés pour éviter que les cheveux ne s’échappent. On pouvait déployer des trésor d’ingéniosité pour la tenir en place le plus longtemps possible.
La littérature folklorique fait état des commérages que pouvait susciter une mise en place approximative des éléments mais aussi des agencements spéciaux, destinés aux périodes de deuil ou aux vieilles filles. Malheureusement les indications restent souvent lacunaires.
Après la clôture de l’Exposition nationale suisse organisée à Genève en 1896, le Musée archéologique fit l’acquisition d’une série d’ornements du costume de différents cantons. Vendus par le Groupe de l’Art ancien, ils provenaient vraisemblablement du Village suisse, cette construction idéale et mythique d’une Suisse traditionnelle. Ces ornements avaient peut-être fait partie des marchandises proposées dans les chalets-échoppes, ou bien ils avaient été portés par les figurants engagés pour l’animation. Certainement fabriqués pour la circonstance, ils furent néanmoins inscrits dans le Compte rendu de l’Administration municipale sous la rubrique «Ethnologie comparée».


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