Objet 1 : 68

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Corne à poudre
Sénégal
Wolof. Seconde moitié du 19e siècle
Corne de bovidé, cuir, fibre. L 52 cm
Acquis au Village noir de l'Exposition nationale suisse par le Musée archéologique en 1896 
MEG Inv. ETHAF K002218

Notice

Manifestations triomphantes de la modernité européenne, les expositions universelles ou nationales du tournant des 19e et 20e siècles avaient des enjeux à la fois économiques et identitaires. Avec leurs architectures de fête, elles fonctionnaient sur le mode de l’éblouissement de leurs visiteurs. Jouant des ressorts de l’exotisme et reposant sur une vision forcément inégalitaire de l’humanité, l’exhibition des colonisés faisait valoir le pouvoir économique des métropoles et leur positionnement sur l’échiquier politique mondial. Mais c’est aussi un marché pour les entrepreneurs de spectacles qui se développa. Bien que dépourvue de politique colonisatrice, la Suisse se situa dans ce contexte du côté des puissances dominantes en offrant, à côté de la célébration de sa «capacité productive», des divertissements chargés de symboles. Au Parc de Plaisance de l’Exposition nationale organisée à Genève en 1896, les badauds trouvèrent de nombreuses attractions exotiques, et surtout un incontournable de l’époque: le Village Noir. Il avait été proposé par Louis Alexandre, un entrepreneur originaire de Santa Cruz de Ténérife (Canaries), qui recruta environ deux cents figurants africains dont l’un des trois «chefs de tribu» avait servi vingt ans dans la Marine française. Alexandre avait vanté aux organisateurs genevois une occasion de mieux comprendre ce continent destiné, par sa colonisation, à devenir un débouché commercial pour la vieille Europe. Mais il fit faillite et s’enfuit avant la fin de l’Exposition. À la fermeture de cette dernière, le MEG acquit auprès de l’Office des poursuites des objets qui avaient été utilisés puis délaissés par les figurants du village.

Bibliographie


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