Fixer le souffle: la séance d'enregistrement que l'on voit ici est une métaphore de l'appareillage théorique mis en œuvre par l'ethnographe. Ce qui est collecté passe obligatoirement dans un crible. La vie observée n'en ressort pas indemne.
Constantin Brailoiu et ses assistants lors d'une séance d'enregistrement à Dragus en 1929. Photographie de Iosif Berman ©MEG.
Dragus, en Transylvanie, fut l'un des premiers lieux de collecte musicale de Constantin Brailoiu (1893-1958), qui venait de créer les Archives de folklore de la Société des compositeurs roumains. La technologie de l'époque, contraignante et intimidante, nous paraît aujourd'hui peu favorable à la spontanéité! De fait, elle devait forcément avoir un impact sur le témoignage sonore enregistré, mais ce constat ne vaut pas seulement pour une situation aussi extrême: tout recueil de données doit être apprécié en fonction de ses méthodes.