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Lewis, Mark (Hamilton, Ontario/Canada, 1958)


Beirut, 2011

Vidéo, couleur, sans son
Dimensions: variables (projection, selon l'espace); Durée : 8'15'' (en boucle)
Acquis en 2017

[n° inv 2017-059]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Au point du jour, la caméra de Mark Lewis dévoile une rue de Beirut, ville dense mais ici dénuée de présence humaine, marquée et détruite par l'histoire récente. Dans ce dédale urbain se joue un face à face d'autant plus fort et parlant qu'il est discret et silencieux : deux hôtels en apparence anodins se font face, mais dont les noms, le Napoléon et le Mayflower, évoquent deux puissants symboles de l'histoire et du pouvoir, l'un la personnification même de la conquête, l'autre la colonisation de l'Amérique par des pèlerins anglais fuyant la persécution religieuse. La caméra ne s'y attarde pas pour autant, comme en écho au temps et à l'histoire qui suivent leur cours immuable, en dehors de toute considération humaine. Au travelling horizontal initial succède - comme si la caméra voulait échapper à l'étroitesse des rues et au poids de l'histoire - un mouvement vertical ascendant qui ouvre soudainement la perspective et dévoile un panorama urbain, où le regard peut enfin voir au loin. Rien n'est pourtant stable ni figé, la caméra continue de chercher, comme à l'affût de quelque chose ou de quelqu'un. Après une oscillation suggérant l'hésitation, elle finit par débusquer une présence humaine inattendue, cachée au sommet du bâtiment. Anticlimax et ironie du sort, la seule humanité présente paraît contrainte de répéter un mouvement de va-et-vient sans fin, comme un robot, peut-être comme l'histoire qui, à différentes échelles et sous différentes formes, se répète inlassablement.

Yves Christen