Accueil Plan English

Textes de l'exposition

A - Être autochtone aujourd’hui

Carte des peuples autochtones, de la biodiversité et des conflits environnementaux dans le monde
Par Kenny Monteath, AECOM et Julian Burger
Animation par INT studio
Grande-Bretagne et Suisse
2021
Réalisée à l'occasion de l'exposition

Story Map complétant l'exposition

Les peuples autochtones ont le droit de décider de leur propre identité ou appartenance conformément à leurs coutumes et traditions, sans préjudice du droit des autochtones d’obtenir, à titre individuel, la citoyenneté de l’État dans lequel ils vivent (Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, 2007, Art.33.1).

Les peuples autochtones s’autodéfinissent le plus souvent comme les descendants de peuples dont les terres ont été envahies et occupées par d'autres. Ils peuvent avoir des cultures, des langues, des moyens de subsistance et des organisations sociales distincts de ceux de l’État dans lequel ils se trouvent. Ils ne sont, à quelques exceptions près, pas dominants et sont généralement confrontés à l'exclusion et à la discrimination. Malgré leurs différences culturelles, les peuples autochtones partagent des préoccupations communes concernant la reconnaissance de leurs droits collectifs à maintenir leur identité, leurs cultures et leurs modes de vie en tant que peuples distincts. Pour nombre d’entre eux, le changement climatique est plus que jamais une réalité. Alors qu’ils ont activement contribué à la reconnaissance de leurs droits environnementaux au niveau international, la traduction politique et juridique de ces avancées reste souvent un défi majeur sur le plan national et local.

Cent ans de présence autochtone à Genève

La reconnaissance internationale dont jouissent actuellement les peuples autochtones est le résultat d’un processus de longue date qui a débuté à Genève en 1923. La jeune Société des Nations reçoit alors la demande de souveraineté de la ligue iroquoise du Canada. Si la démarche échoue, elle a le mérite de révéler aux nations européennes l’existence des peuples autochtones et la légitimité de leurs combats. Cependant, il faudra encore attendre plus de cinquante ans avant que ne soit organisé en 1977 une conférence réunissant plusieurs délégations autochtones, puis encore trente ans, avant le dernier jalon de ce processus, celui de l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones en 2007. Jusqu’à aujourd’hui, les représentants des peuples autochtones œuvrent à consolider et à protéger ces précieux acquis en se réunissant chaque année à l’Organisation des Nations unies (ONU) tant à Genève qu’au siège de New York.

La voix des Nations autochtones devant la Société des Nations

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des leaders autochtones revendiquent la reconnaissance de la souveraineté de leur peuple. En 1923, le chef cayuga Deskaheh, porte-parole des Iroquois du territoire de la Grande-Rivière en Ontario, arrive à Genève muni d’une requête intitulée « Le Peau-Rouge demande justice » destinée au Secrétaire général de la Société des Nations, qui refuse de le recevoir. Pendant plus d’un an, Deskaheh parvient à mobiliser l’opinion européenne en sa faveur. Dans son dernier discours, en 1924, il rappelle que les six nations iroquoises, constituées des peuples Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora, sont unies dans la plus ancienne des Sociétés des Nations et réaffirme leur légitimité à défendre leurs droits iroquois, « tout comme le fait l’homme blanc ».

L’émergence du mouvement autochtone et ses premiers acquis

Les années 1970 voient l’émergence d’un mouvement autochtone international sous l’impulsion de plusieurs peuples qui s’organisent politiquement. L’ONU ordonne en 1971 une étude sur la discrimination subie par ces peuples. En 1977, une conférence internationale des ONG sur les peuples autochtones est organisée à Genève et a lieu une deuxième conférence sur les peuples autochtones et la terre en 1981. Cette période sera marquée par des revendications importantes comme le remplacement du statut de « minorités » par celui de « peuples », la création d’un groupe de travail pour étudier les problèmes spécifiques des peuples autochtones et la préparation d’une déclaration internationale sur leurs droits collectifs.

L’intensification du mouvement autochtone international

En 1982, suite à la Conférence internationale des ONG sur les peuples autochtones et la terre, l’ONU crée le Groupe de travail sur les populations autochtones (GTPA) ouvert à tout représentant de nations, peuples et communautés autochtones. La publication du rapport Cobo de l’ONU va apporter une ressource inestimable en faisant état d'une discrimination généralisée à l'encontre des peuples autochtones en matière de santé, d’éducation, de logement, de gestion des terres et du territoire. En 1989, l’Organisation internationale du Travail (OIT) tente d’aller plus loin en créant une convention, juridiquement contraignante, pour garantir aux peuples autochtones et tribaux une protection au regard du droit international.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

L’un des aboutissements principaux de la Décennie internationale des Peuples Autochtones (1995-2007) est la création du Forum permanent pour les questions autochtones (UNPFII) chargé de conseiller le système des Nations unies. Plus de la moitié des seize experts indépendants sont eux-mêmes autochtones. Enfin, le 13 septembre 2007, après plus de vingt ans de débats et de travaux, le projet d’une Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones devient une réalité. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, la déclaration constitue la norme universelle en matière de promotion et de défense des droits des peuples autochtones.


© 2021 Musée d'ethnographie, Genève