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Textes de l'exposition

E - Le temps de la rencontre

Les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l'humanité tout entière […] lorsqu'elles prennent des mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l'Homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l'égalité des sexes, l'autonomisation des femmes et l'équité entre les générations. (Accord de Paris sur le climat, 2015, Préambule).

Le temps n’est plus ni aux constats ni à une stérile comptabilité des responsabilités face aux dégradations environnementales. L’urgence climatique nous impose de relever le défi d’un changement profond afin de sauver notre maison commune, la Terre. Cette période de transition nous oblige à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour dépasser le temps de la crise et le sentiment de l’irréparable en adoptant un autre modèle de relation avec l’environnement et en apprenant des pratiques défendues par les peuples autochtones. À leurs côtés, nous pourrons tisser un futur commun fondé sur les valeurs du soin, de la réparation et de la responsabilité à l’égard de toutes les formes du vivant. À voir, à entendre et à écouter les témoignages des peuples autochtones, notre conscience s’éveille et prend la mesure de la nécessité de devenir acteur de ce changement.

Gákte-Quipo

Gákte-Quipo
Par Máret Ánne Sara (1983-) et Cecilia Vicuña (1948-)
Sami et Mapuche
Sápmi, Norvège
2017
Textiles, métal
Collection Máret Ánne Sara
© MEG, J. Watts

Gákte-Quipo est une œuvre collaborative de Máret Ánne Sara et de Cecilia Vicuña. Les Gákti (vestes mi-longues traditionnelles sami) ont été envoyées à Máret Ánne Sara depuis différentes régions en solidarité avec le procès de son frère Jovsset Ante Sara. Cette installation, complétée en 2021 par des vêtements traditionnels des peuples autochtones de Sabah en Malaisie et par une œuvre de l’artiste ts’msyen Kandi McGilton, noue les histoires personnelles des luttes autochtones du nord au sud, pour répondre aux dégradations environnementales accélérées par le changement climatique. Cette œuvre évoque aussi la tradition des quipo. Quipo, signifie à la fois nœud et compte en quechua. En l'absence d'écriture, l'administration inca figurait les chiffres entiers à l'aide de successions de nœuds le long de cordelettes de diverses couleurs fixées à une corde. L'ensemble constituait un quipo.

Debout, toi l'insulaire

Deux poétesses, Kathy Jetñil-Kijiner des Îles Marshall et Aka Niviâna de Kalaallit Nunaat (Groenland), se rencontrent et se répondent sur deux phénomènes touchant leurs environnements respectifs. La première, sœur des contrées océaniques et des plages du Pacifique, parle de la hausse du niveau de la mer. La deuxième, sœur des contrées glacées et enneigées, raconte la fonte des glaciers. Elles évoquent les liens étroits existants entre leurs environnements touchés par les dérèglements climatiques. Les images nous montrent à la fois à quel point notre planète est immense et combien nous sommes proches et interdépendants les uns des autres. Elles nous invitent à regarder cette vidéo, à nous laisser absorber par la beauté des images de notre planète et à laisser la poésie faire son œuvre. Elles nous rappellent que le changement climatique nous concerne tous et nous exhortent à choisir entre rester assis à ne rien faire ou se mettre debout pour agir.

Déclaration de l’artiste Kathy Jetñil-Kijiner

«Je suis née aux îles Marshall, j’ai été élevée à Hawai’i et actuellement je vis à Majuro, la capitale des îles Marshall. Ma pratique créatrice principale explore la richesse des récits oraux de ma culture et la façon dont ceux-ci recoupent les enjeux actuels qui menacent nos îles et notre communauté. Ma priorité est le changement climatique et l’héritage des essais nucléaires aux îles Marshall. Je ne suis pas entrée dans le domaine climatique de manière très conventionnelle. A la base, il y avait mon amour profond pour nos îles. Un amour profond qui s’est traduit par une peur impérieuse lorsque, pour la première fois, j’ai vécu les inondations causées par les grandes marées. Je partage cet amour et cette peur au travers de la poésie, des performances et des médias. Ma pratique est aussi influencée par la communauté grâce à l’association Jo-Jikum dont je suis la co-fondatrice et que je dirige. Notre organisation propose des programmes tels notre Climate Arts Camp, où nous enseignons à des élèves du secondaire comment utiliser les arts, afin de sensibiliser le monde aux impacts climatiques, les transformant de victimes passives en créateurs et artistes.»
Kathy Jetñil-Kijiner


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