Constantin Brailoiu

(1893-1958)

Constantin Brailoiu est né à Bucarest dans une famille aristocratique originaire d'Olténie. À l'âge de 14 ans, il part à Vienne, puis en Suisse romande et à Paris pour y suivre une formation musicale : il se destine alors à une carrière de compositeur, comme en témoignent quelques œuvres de jeunesse. De retour en Roumanie en 1914, il enseigne l'histoire de la musique et l'esthétique musicale à l'Académie royale de musique. Mais la découverte des musiques populaires rurales de sa Roumanie natale allait bouleverser sa carrière et progressivement l'orienter vers ce qu'on appelait à l'époque le folklore musical.

Constantin Brailoiu

Constantin Brailoiu enregistrant sur phonographe le joueur de cornemuse Gheorghe Musuleac
Village de Fundu-Moldovei, Bucovine, Roumanie, 1928
Photo: Iosif Berman, archives AIMP, Genève

Constantin Brailoiu est né à Bucarest dans une famille aristocratique originaire d'Olténie. À l'âge de 14 ans, il part à Vienne, puis en Suisse romande et à Paris pour y suivre une formation musicale : il se destine alors à une carrière de compositeur, comme en témoignent quelques œuvres de jeunesse. De retour en Roumanie en 1914, il enseigne l'histoire de la musique et l'esthétique musicale à l'Académie royale de musique. Mais la découverte des musiques populaires rurales de sa Roumanie natale allait bouleverser sa carrière et progressivement l'orienter vers ce qu'on appelait à l'époque le folklore musical.

En 1928, il crée à Bucarest les Archives de folklore de la Société des compositeurs roumains. La même année, il intègre l'« équipe sociologique » du professeur Dimitrie Gusti, au sein de laquelle il effectue ses premières enquêtes de terrain dans les villages roumains : Fundu Moldovei en Bucovine (dès 1928), puis Dragus en Transylvanie (dès 1929) et enfin Runcu en Olténie (dès 1930).

Les années suivantes, Brailoiu multiplie les collectes musicales dans toutes les régions de Roumanie, développant sur cette base une pensée et une œuvre scientifique d'une acuité remarquable. Sa première publication importante, Esquisse d'une méthode de folklore musical, parue en 1931, marque un tournant dans le développement de cette discipline qui s'appelera par la suite l'ethnomusicologie. Elle sera suivie de nombreuses autres sur des questions aussi variées que les rythmes, les échelles musicales, la poésie chantée, les rites funéraires ou la création musicale collective.

En 1943, Brailoiu est nommé conseiller culturel auprès de la Légation roumaine à Berne. Sentant la situation politique de son pays se détériorer, il décide de rester en Suisse : il ne retournera en fait plus jamais dans sa chère Roumanie natale. À Genève, il rencontre Eugène Pittard, alors directeur du Musée d'ethnographie, avec qui il fonde l'année suivante les Archives internationales de musique populaire (AIMP). En 1948, il devient également maître de conférence au CNRS à Paris. Il est dès lors invité à participer à de nombreux colloques dans toute l'Europe.

Brailoiu consacre les quinze dernières années de sa vie à un travail titanesque : accumuler à Genève des enregistrements de musiques du monde entier, à partir desquelles il édite notamment sa fameuse Collection universelle de musique populaire enregistrée (1951-1958), une série de 40 disques 78 tours aujourd'hui rééditée en CD. Ses écrits les plus importants datent aussi de cette époque, de même que ses dernières missions sur le terrain (en Macédoine, aux Asturies et dans le Banat yougoslave). Il décède à Genève le 20 décembre 1958.

Brailoiu est à juste titre considéré comme un des pères de l'ethnomusicologie contemporaine. Ses écrits majeurs ont été réunis en 1973 dans un livre, Problèmes d'ethnomusicologie, considéré comme un des grands classiques de la discipline. Quant aux archives qu'il a fondées à Genève, elles n'ont cessé de s'accroître, constituant aujourd'hui un des fonds documentaires ethnomusicologiques les plus importants d'Europe.


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