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Robert-Tissot, Christian (Genève/Suisse, 1960)


Abstraction Distraction, 2020
Tableau
Peinture acrylique sur toile
Dimensions : 38 x 55 x 2 cm
Acquis en 2020

[n° inv 2020-022]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Annik Wetter, Genève
 

Depuis les années 1980, le langage est le sujet principal des oeuvres picturales (peintures murales ou sur toile) et tridimensionnelles (drapeaux, enseignes, néons, installations…) de Christian Robert-Tissot. Les mots et expressions courantes polysémiques qu'il met en exergue – Unique, No Subject, Sage comme une image, Nature morte – offrent fréquemment un commentaire sur l'art lui-même, sur sa valeur notamment, non sans ironie. Ils s'avèrent si lapidaires qu'ils tendent vers l'abstraction. Par ailleurs, leur sens est intimement lié à la manière dont les caractères typographiques sont peints ou représentés – forme, taille et couleur des lettres – sur un fond, souvent monochrome.
Abstraction Distraction (2020) est une peinture sur toile issue d'un ensemble de six tableaux identiques. Ces derniers ont été accrochés à la verticale, comme pour accentuer la polarité d'« abstraction » et de « distraction » peints l'un au-dessus de l'autre. S'ils forment une rime riche et partagent le mot « action », ils n'ont de prime abord rien en commun : le premier terme renvoyant à la peinture, le second au loisir. Ou alors Christian Robert-Tissot souhaite nous indiquer que l'art (abstrait), en nous détournant du monde commun, se soit mué en activité futile ou secondaire de l'ordre du divertissement ? Du moins, la vibration du jaune acidulé du lettrage sur un fond divisé en deux rectangles vert et bleu y contribue-t-elle, à l'instar d'une offre promotionnelle. De fait, le mélange des couleurs primaires jaune et bleu ne produit-il pas du vert ? Quoi qu'il en soit, il y a tout loisir, c'est le cas de le dire, de penser que l'artiste se joue de nous à travers ces rapprochements faussement arbitraires.
Eveline Notter