Dumond, Camille (Evreux/France, 1988)

Camille Dumond crée des films à l'intersection de genres et de formes tels que documentaire, fiction, fantastique, essai ou performance vidéo, en parallèle d'une production d'objets sculpturaux. Ces derniers sont combinés avec les images en mouvement lors d'expositions et au sein d'installations ; ils en sont souvent des dérivés ou s'invitent dans l'image comme des supports de récit. Les quatre fictions autoproduites depuis 2017 s'appuient sur des faits vécus, recueils de témoignages ou histoires trouvées, ces sources étant « traduites » par un passage à la fiction. Des personnages se voient proposer un espace de débat et se constituent en une petite communauté, presque grégaire, dans des lieux suspendus et hors du temps. Une fois le « décor » posé – les costumes sont significatifs –, la caméra observe les discussions et les actes semblables à des rituels, en une narration teintée d'absurde dans le sens théâtral du terme.
Eye archive group (Technopark Tanger) a été réalisée lors d'une résidence au Maroc. L'artiste a centré sa recherche sur un recueil d'histoires arabes contées à l'origine en dialecte Darija, puis transcrites et traduites en anglais par l'écrivain américain Paul Bowles sous le titre de Five Eyes (1979). Devant la caméra, un groupe de jeunes Tangérois-e-s, acteurs-trices amateurs-trices, donne voix à des questions soulevées par ce procédé : la perception et la préservation des valeurs culturelles, la survivance et la transmission de traditions orales. L'essai, davantage documentaire que les précédents films de l'artiste, se construit à partir de conversations improvisées, captées en plans serrés, et complétées par des incrustations de films SF et d'animes japonais qui élargissent le sujet.
Marie-Eve Knoerle