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Gros, Stéphane (Genève/Suisse, 1970)
Montesinos, Elena (Genève/Suisse, 1971)


Le Cheval de Feu, 2019
Photographie
Photographie sur bâche en PVC
Dimensions : 305 x 457.5 cm
Acquis en 2021

[n° inv 2021-015]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : lumière noire, Stéphane Gros, Genève
 

Active depuis la fin des années 1990 sur la scène artistique genevoise, berlinoise et dans bien d'autres contextes, Elena Montesinos trouble l'ordre des choses. En agitatrice culturelle, elle joue sur plusieurs terrains, se jette au cœur de l'existant pour faire advenir un art collectif et rassembleur résultant toujours en une expérience esthétique. Elle conceptualise et mène ses (inter)actions le plus souvent dans l'espace public, avec une ligne directrice résumée sur son site internet : « Certaines personnes gagnent de l'argent avec l'art et le pouvoir. Elena Montesinos fait de l'art avec l'argent et le pouvoir. »
A l'origine de la photographie "Le Cheval de Feu", « Le Bûcher des endettés » est l'une des manifestations de l'artiste conçue précisément pour et sur la place publique. Entreprise en 2016, l'action était alors constituée d'un défilé partant des rues marchandes au son de crécelles et de tambours brésiliens, pour mener le public vers la plaine de Plainpalais. Un brasier l'y attendait, prêt à consumer les papiers encombrants tels que factures, mises en demeures et autres documents indésirables. Un rendez-vous performatif réitéré depuis lors. Le feu ainsi alimenté donna lieu, dans l'édition 2019, à une apparition dont la forme rappelle le deuxième cheval de l'Apocalypse, ou un logo Ferrari, selon le point de vue. Ce bûcher réveille encore l'histoire de Michée Chauderon, dernière « sorcière » genevoise brûlée en 1652 au temps d'un calvinisme rigide, précisément sur la plaine de Plainpalais. Mais les flammes figées par la photographie sont avant tout un signe libérateur dans cet acte collectif cathartique. Juxtaposées à une structure de fête foraine, elles « dévorent », ironie du sort, une partie de l'enseigne lumineuse de l'artiste Christian Jankowski qui interroge : « soll ich noch Geld ausgeben ? » (« faut-il que je dépense encore de l'argent ? »).

Marie-Eve Knoerle