Dans ses performances, peintures, installations ou objets, Gilles Furtwängler explore ce que disent les mots – même les plus banals – de l'état du monde, et propose de transformer la poésie en expériences aussi bien sonores que visuelles. Travaillant avec des extraits de textes de diverses origines – discours génériques, phrases entendues ou trouvées sur le net, publicités, modes d'emploi ou éléments personnels – il découpe, compile, agence de manière méticuleuse, veillant à apporter un rythme particulier, une structure. Dans ses lectures-performances, la diction est un élément majeur qui porte le texte et l'anime.
"Je voulais te dire que tes mots doux" est issu d'une série d'œuvres sur papier dans laquelle l'artiste développe le potentiel visuel du texte. La mise en forme graphique est ici très présente : le texte s'étire comme un porte-voix, en miroir. Si le choix de la typographie correspond à une volonté d'utiliser des caractères lisibles et reproductibles, les nombreuses maculatures, dues au processus de peinture au chablon avec du thé d'hibiscus, compliquent la lecture à défaut de l'empêcher – comme des « bruits » qui viennent perturber la communication. Extrait d'un poème de l'artiste intitulé "Petite Lune" (2017) qu'il qualifie lui-même de fleur bleue, le texte présent sur le papier pourrait être celui d'une note laissée sur le miroir à l'attention de l'être aimé, participant de la communication amoureuse.
Isaline Vuille