Au travers du regard qu'il porte sur l'élément naturel, tant végétal qu'animal, Alexandre Joly nous transporte vers des fantasmagories décalées dans lesquelles se mêlent technique et organique, sons et mouvements, comme dans un doux cauchemar d'enfant, là où les éléments assemblés, arrangés sont dérangeants, mais toujours accueillants, jamais menaçants, troubles, mais pittoresques, voire drolatiques. Alexandre Joly manie avec sensibilité l'art du bricolage, ce petit monde clos dans lequel les objets se combinent et se rappellent, sont souvent réutilisés et sans cesse réactivés. Trames de piezos aux ondes acoustiques, bassin aux eaux vibrantes, pirogues suspendues en plumes de paon, ballet mécanique d'une vache empaillée, monstre manga à la tête en carapace de tortue et dents de cheval, des respirations, des murmures, à chaque fois des atmosphères mobiles où le son devient graphique et les images sonores.
"Grace" apparaît comme une petite mise en scène de la nature, un décor naturaliste, un diorama illusionniste. Cette fausse lune en cristal, qui se réverbère sur les parois de sa cloche, bien qu'emprisonnée, s'ouvre par sa réflexion dans un espace de sensation et de perception faussement contenu. Perdu dans un paysage d'herbes folles séchées, aride dans sa matérialité, cet astre, de son état d'image trépassée, finit par fournir une projection chaleureuse dans sa densité lumineuse, tendre dans son évocation.
Stéphane Cecconi