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Cortinovis, Claude (Genève/Suisse, 1967)


Au plus près de ma ligne azur clair, 2021
Dessin
Encre pigmentée bleu clair sur papier quadrillé au crayon de couleur
Dimensions : 100 x 70 cm; dimensions : 107 x 77 x 4 cm (avec cadre)

Acquis en 2021

[n° inv 2021-023]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Claude Cortinovis, Genève
 

La démarche de Claude Cortinovis se révèle au travers de la ligne et du papier. Le dessin demeure son médium de prédilection, qu'il mélange et superpose à la photographie, qu'il aborde sous l'angle de l'écriture ou d'images fragmentées, réalisé au tampon par de multiples « pixels » carrés. Sa pratique illustre la règle contre-intuitive selon laquelle la liberté peut tout à fait émerger de règles auto-imposées, en apparence contraignantes. La répétition joue à cet égard un rôle central dans son travail. Le papier est d'abord apprivoisé à l'aide de lignes ou d'un quadrillage, à la main ; mots et motifs viennent ensuite peupler la page, dans un rythme et une ténacité qui semblent poussés à l'infini, comme pour déborder au-delà du cadre de l'image. Ces motifs réitérés avec obstination peuvent traduire le système normatif de l'école (cahiers de punition) ; ils permettent aussi à l'artiste de revisiter les genres du portrait et du paysage par un jeu d'entrelacement entre image et texte, sujet en avant- ou arrière-plans, entre apparition et disparition.

Ce dessin fait partie d'une série dans laquelle Claude Cortinovis reprend à la riche histoire de la peinture le thème du monochrome, mais qu'il approche par la tangente, avec des teintes douces et des lignes délicates et fines, comme pour aller « au plus près », mais sans vouloir nécessairement y parvenir. La dimension minutieuse et presque compulsive en révèle la genèse solitaire, humble et lente. Le dessin devient le creuset pour la concentration tout comme un lieu de l'introspection et une échappatoire de l'imaginaire. Comme l'artiste l'avoue lui-même, « je fais lentement et maladroitement ce que la machine fait rapidement et sans défaut ». Cette patience et cet acharnement, s'ils forcent l'admiration, disent surtout l'humanité du geste et de l'acte créateur, aussi fragiles soient-il. L'épure minimale de ce grand « azur clair » sert à l'artiste comme au spectateur de support à l'évocation et suggère des réminiscences de sa mémoire.

Yves Christen