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Haab, Nina (Bellinzone/Suisse, 1985)


Vue sur Jersey N.4, 2019
Dessin
Graphite sur papier
Dimensions : 48.2 x 68.2 cm; dimensions : 50.7 x 70.8 x 3.5 cm (avec cadre)

Acquis en 2021

[n° inv 2021-055]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Emmanuelle Bayart, Genève
 

Les deux dessins, issus de l'installation Vue sur le Jersey, résultent d'une démarche créative habituelle à Nina Haab qui, lors de sa formation à la HEAD-Genève, a exploré les propriétés du photographique. Une expérience du réel – un objet, une rencontre, un élément visuel de l'environnement – lui permet d'enclencher un processus qui vise à mettre au jour la mémoire d'un lieu à travers les évocations d'individus ou les archives disponibles pour l'empreindre ensuite d'une trace personnelle.
Ici, sur l'île de Jersey, elle découvre sur une dune, lors d'une promenade, les ruines effondrées d'un télégraphe. A partir de cette présence remarquable qu'elle photographie tout d'abord, elle mène une véritable enquête ; des gens se souviennent de cette tour encore dressée dans les années 1970, d'autres possèdent dans leurs archives privées des clichés de ce bâtiment. Elle récolte, à travers ces fragments de mémoires individuelle et collective, des éléments visuels et narratifs, ou s'inspire d'une photographie de la deuxième guerre mondiale, pour inventer ses propres récits au crayon.
Les dessins témoignent alors d'objets ou de paysages, désormais disparus, dans lesquels s'insèrent les ombres blanches de silhouettes dont on devine le décalage temporel en regard de leur environnement. Nina Haab instaure ainsi un lien entre le « ça a été » nostalgique de Barthes et le présent de la représentation ; l'effondrement ou la phrase mise en exergue sous un des dessins deviennent alors un avertissement sur la situation actuelle.
L'aspect fragmentaire des souvenirs dont témoigne cette tension entre deux temporalités est également à l'origine de l'encadrement décentré du dessin. La représentation est ainsi une bribe d'un récit discontinu, que l'artiste confie à l'imaginaire du spectateur pour qu'il en poursuive la narration.

Myriam Poiatti