Masduraud, Lou (Montpellier/France, 1990)

Travaillant essentiellement la céramique dans des formes sculpturales et installatives, l'artiste se concentre depuis quelques années sur trois projets évolutifs : l'« anatomie contrainte », les soupiraux qui mettent en scène des « plans d'évasion » et les fontaines. Elle explore le corps humain en tant qu'organisation de réseaux, système connecté et ses déclinaisons en circuits, rhizomes, orifices, tout en signalant les infrastructures de la société qui l'encadrent voire l'entravent. Le corps est encore représenté par fragments schématisés, organes sensoriels, parfois érotisés.
Les « anatomies contraintes », dont les titres se déclinent en « cabinets de contorsion », consistent en des représentations arrangées de squelettes, combinés à des éléments de bureautique, voire à des lambeaux de vêtements identifiés aux employés de bureau. Les soupiraux quant à eux révèlent des passages forcés, des vies dissimulées derrière les grilles, de véritables biographies de résistant-e-s à l'exemple de la femme de lettres françaises Albertine Sarrazin, sujet de l'un des "Plan d'évasion" (2021), l'une des premières à avoir raconté sa vie de prisonnière et de prostituée.
"Anxiolitic fountain (Active substances)" fait partie de l'ensemble d'œuvres qui s'inspire de fontaines et autres techniques d'hydraulique urbaine – l'urinoir est également revisité – contenant des liquides aux principes actifs et aux vertus variées. Les décors font allusion aux grotesques, arabesques, végétaux, avec une composition d'entrelacs organiques qui rappellent le cycle de la vie. Évoquant le bien commun et le vivre ensemble, la fontaine est aussi, pour l'artiste, une démonstration spectaculaire du monument public, qu'elle ramène à une expérience fantasmagorique.

Marie-Eve Knoerle