Bailly, Josse (Chêne-Bougeries/Suisse, 1977)

Après avoir pratiqué la peinture en autodidacte et gagné une première reconnaissance dans les circuits alternatifs, Josse Bailly étudie à la HEAD – Genève, Haute école d'art et de design entre 2007 et 2010. Il développe une iconographie inspirée de la culture populaire, du cinéma et surtout de la musique, en particulier le heavy metal. Ses œuvres recèlent de nombreuses références aux années 1960-1970. S'y cachent souvent les portraits de musiciens célèbres, comme Joey Ramone, Lemmy Kilmister, Ozzy Osbourne et Neil Young, mais sans que cela ne soit véritablement significatif. Ces figures incarnent un type masculin particulier – ce sont des hommes blancs, à l'attitude décontractée, représentatifs d'une forme stéréotypée de la virilité –, que l'artiste à la fois chérit et raille.

L'huile "The Shoe" (2009) met en scène un personnage à la longue chevelure, portant barbe et moustache, montré de face et de dos, dans une scène fantasmagorique. Si Josse Bailly y reconnaît un autoportrait, il brocarde aussi dans cette petite peinture la pilosité retrouvée des hipsters contemporains qui entretiennent une parenté physique avec les icônes du hard rock. Son style volontairement naïf revendique une autre voie possible, dans le sillage de la Bad Painting. La composition saturée est pleine d'humour. Les longs doigts autour du visage font penser à une figure aranéide, et celui émergeant de la chaussure centrale se laisse interpréter comme un geste irrévérencieux – mais ce n'est peut-être qu'un biais de notre esprit.

Laurence Schmidlin