Oursler, Tony (New York/Etats-Unis d'Amérique, 1957)

C'est non sans humour et ironie que Tony Oursler observe les ressorts et les failles de la société contemporaine. Capitalisme, religion, famille, violence, sexualité, médias, écologie, tels sont les thèmes qui parcourent son œuvre, laquelle mêle depuis le milieu des années 1970 sculpture, peinture, dessin, vidéo, installation, performance et photographie. Formé au California Institute of the Arts, entre autres par John Baldessari, Oursler figure parmi les grands noms de l'art vidéo international. Ses images sont projetées sur des poupées de chiffon ou des arbres, ses trucages permettent de démultiplier les axes de lecture, les bandes-sons superposent narration, musique et bruits afin de plonger le public dans un monde aussi onirique que grotesque.

On retrouve dans "A Walk in the Forest", livre d'artiste publié en 2021 à 30 exemplaires, plusieurs des caractéristiques ayant marqué les premières œuvres de Oursler : l'onirisme, le fantasque, l'ironie, les oppositions, une narration non linéaire, les superpositions sonores et entre texte et image ainsi que le traitement d'une problématique actuelle. C'est ici de crise climatique dont il s'agit et de l'urgente nécessité de prendre soin du monde qui nous entoure. Les tensions entre humain, technique, microcosme et macrocosme ont déjà été abordées par Oursler dans deux grandes installations, "The Influence Machine" en 2000 et "Eclipse" en 2019, dont les vidéos étaient projetées sur des arbres. Deuxième collaboration de Oursler avec la maison d'édition genevoise Take5, "A Walk in The Forest" est un livre-objet au sens premier du terme. Chacun de ses constituants est une œuvre d'art en soi. Le livre, qui se déplie tel un multiple leporello, contient un texte d'Oursler typographié dans un caractère spécialement élaboré pour l'occasion par le Studio Des Signes. Quatorze tirages photographiques signés par l'artiste représentent différents visages projetés sur des arbres. Une vidéo inédite de quinze minutes – diffusée sur un petit écran LCD inséré dans le papier du boîtier du livre et stockée sur une clé USB en noyer – développe l'idée du titre, une balade en forêt. Quant au coffret renfermant le tout, il a été dessiné par Germans Ermics, puis sculpté par Vincent de Rijk.

Melissa Rérat