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Miller, John (Cleveland (OH)/Etats-Unis d'Amérique, 1954)


Civic Center, 2022
Projection vidéo
Projection vidéo (PowerPoint), couleur, sans son
Durée : 3'54''
Acquis en 2022

[n° inv 2022-077]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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John Miller est à la fois artiste, écrivain et musicien, « dans cet ordre », selon ses propres mots. Ses peintures
et installations problématisent la mise en scène de la marchandise, l'accumulation de biens matériels et le système de valeurs du capitalisme. La panoplie d'effets de séduction déployés par l'industrie et les médias de
masse sont déconstruits pour en révéler les idéologies qui les sous-tendent. John Miller révèle comment les
représentations du quotidien forgent notre perception du monde et de la réalité et, de manière plus insidieuse,
elles servent d'instruments de pouvoir, de contrôle et d'uniformisation, des goûts comme des opinions. À ce titre, elles appauvrissent, voire neutralisent débats et critiques de société. Dans son travail photographique, où il questionne le statut prétendument objectif et informatif du médium, son terrain d'observation privilégié est l'espace public. La privatisation des lieux collectifs, le paysage publicitaire, les déchets et autres résidus de la société de consommation forment un topos où se révèlent les failles, les excès et les travers de la société contemporaine, mais offrent aussi un espace d'expression qui résiste à l'exploitation commerciale.

Dans cette œuvre PowerPoint, John Miller arpente le « Civic Center », des rues au sud de Manhattan. À la différence d'autres quartiers new-yorkais plus glamour affectés au tourisme ou à la culture, l'artiste offre ici un contrepoint politique. Cette partie de la ville concentre le pouvoir des domaines législatif, exécutif et judiciaire. Dans le diaporama sont reconnaissables le City Hall, siège municipal, la police, une prison, des tribunaux, sans mentionner de discrets bureaux du FBI. Cette fresque urbaine met en lumière les multiples barrières du système sécuritaire et la dureté visuelle des infrastructures offertes au regard des piétons et aux citoyen·ne·s. Autant l'architecture que le mobilier (guérite, barrières) s'imposent comme des signes de la politique axée sur la répression et l'obsession sécuritaire qui n'ont cessé de proliférer depuis le 11 septembre 2001, jusqu'à la plus récente pandémie du COVID et aux mouvements de révolte sociaux – dont ceux provoqués par la mise à mort de George Floyd par un policier blanc.

Yves Christen