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Miller, John (Cleveland (OH)/Etats-Unis d'Amérique, 1954)


Auto Fiction, 2022
Projection vidéo
Projection vidéo, vidéo HD, couleur, stéréo
Durée : 5'20''
Acquis en 2022

[n° inv 2022-078]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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John Miller est à la fois artiste, écrivain et musicien, « dans cet ordre », selon ses propres mots. Ses peintures
et installations problématisent la mise en scène de la marchandise, l'accumulation de biens matériels et le système de valeurs du capitalisme. La panoplie d'effets de séduction déployés par l'industrie et les médias de
masse sont déconstruits pour en révéler les idéologies qui les sous-tendent. John Miller révèle comment les
représentations du quotidien forgent notre perception du monde et de la réalité et, de manière plus insidieuse,
elles servent d'instruments de pouvoir, de contrôle et d'uniformisation, des goûts comme des opinions. À ce titre, elles appauvrissent, voire neutralisent débats et critiques de société. Dans son travail photographique, où il questionne le statut prétendument objectif et informatif du médium, son terrain d'observation privilégié est l'espace public. La privatisation des lieux collectifs, le paysage publicitaire, les déchets et autres résidus de la société de consommation forment un topos où se révèlent les failles, les excès et les travers de la société contemporaine, mais offrent aussi un espace d'expression qui résiste à l'exploitation commerciale.

L'« autofiction » désigne les expériences littéraires des années 1980, dans lesquelles la prétendue sincérité d'un récit autobiographique est remise en question par un usage équivoque des techniques romanesques. Dans cette œuvre PowerPoint, John Miller soumet à un algorithme, reconnaissable à sa voix monocorde, des images du quotidien (mannequins, déchets, passants, visages de publicité) ; par ce biais, il questionne l'expression d'un point de vue objectif à travers l'usage de processeurs informatiques. L'identification des représentations les plus banales est mise en jeu par la « lecture » d'un programme automatisé, confronté à l'interprétation et à la construction de sens. À l'heure où les intelligences artificielles reconnaissent des signes visuels, leur identification occulte les polysémies et ambiguïté, du langage comme de l'image. La poésie, l'humour et les sous-entendus échappent au programme informatique, contrairement à l'imagination humaine qui trouble les rapports entre réalité et fiction.

Yves Christen