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Oursler, Tony (New York/Etats-Unis d'Amérique, 1957)


Grand Mal, 1981
Vidéo
Vidéo, couleur, son
Durée : 22'36''
Acquis en 2022

[n° inv 2022-089]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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C'est non sans humour et ironie que Tony Oursler observe les ressorts et les failles de la société contemporaine. Capitalisme, religion, famille, violence, sexualité, médias, écologie, tels sont les thèmes qui parcourent son œuvre, laquelle mêle depuis le milieu des années 1970 sculpture, peinture, dessin, vidéo, installation, performance et photographie. Formé au California Institute of the Arts, entre autres par John Baldessari, Oursler figure parmi les grands noms de l'art vidéo international. Ses images sont projetées sur des poupées de chiffon ou des arbres, ses trucages permettent de démultiplier les axes de lecture, les bandes-sons superposent narration, musique et bruits afin de plonger le public dans un monde aussi onirique que grotesque.

Les maux de notre société postmoderne font l'objet de "Grand Mal". Réalisée un an après "The Loner", on retrouve dans cette œuvre un anti-héros humanoïde dont l'histoire fragmentaire s'articule autour d'opposés tels que le paradis et l'enfer, le bien et le mal, la vie et la mort. Les personnages sont incarnés par des doigts et d'autres parties du corps, lesquelles permettent également de figurer plusieurs composantes de la mise en scène. Les visages d'un homme et d'une femme, recouverts de peinture violette, émanent ensuite d'un ciel noir surplombant une ville grise, endormie, pour évoquer les rapports complexes entre deux êtres. Au fil de la vidéo, une seconde voix, féminine, s'ajoute à celle du narrateur masculin. Les relations entre les genres constituent l'un des nombreux fils rouges de cette vidéo, accompagnés d'un dense collage sonore. L'origine du grand mal – expression qui qualifiait jadis les crises épileptiques – dépeint par Oursler n'est pas d'ordre physique ou neurologique, mais bien culturelle. L'humour noir acéré de l'artiste et la fausse candeur des images décortiquent les rigides dialectiques et interdits qui structurent notre existence afin d'en dénoncer la dangerosité.

Melissa Rérat