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Sauvin, Rebecca (Schönenwerd/Suisse, 1975)


808, 2004
Installation vidéo
Mini DV, PAL, entrelacé, couleur, stéréo
Durée : 13'45'' (chacune des deux parties)


[n° inv 2023-041_1-2]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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L'installation "808" de Rebecca Sauvin se compose d'une double projection vidéo, basée initialement sur une carte postale. Cette image reproduit le daguerréotype de Bruno Braquehais, "Nu" (1852-1854), où une femme nue allongée sur le sol regarde dans un miroir le reflet d'une bête noire située derrière elle. C'est la découverte de cette photographie qui va être à l'origine de l'installation "808" et devenir la séquence d'ouverture du film de part et d'autre de l'écran. Allongée nue sur le sol, Rebecca Sauvin regarde son propre reflet dans une surface réfléchissante. À côté, une créature à tête de cheval s'anime et laisse tomber le masque pour faire apparaître l'artiste en robe bleue quittant la scène par une porte. De chaque côté de l'écran se déroule en boucle le même récit mais en donnant à voir le hors-champ ou littéralement l'autre côté du décor. La narration se résume pour beaucoup à une déambulation labyrinthique dans des couloirs, des escaliers et la coursive d'un immeuble. À cela s'ajoute le titre, "808", qui décrit à la fois le lieu de l'action, l'appartement 08 situé au 8e étage, et la forme symbolique d'une action en boucle qui se déroule à l'infini.

Entre l'évidente référence au mythe de Narcisse et à la traversée du miroir d'Alice, Rebecca Sauvin met la déambulation et le franchissement des seuils physiques ou métaphoriques au centre de son projet. En endossant les deux rôles féminins, l'artiste semble nous indiquer son désir d'éprouver l'expérience de la métamorphose pour observer de nouvelles dimensions où se côtoient l'absurde et le non-sens. Si le mythe de Narcisse est le plus souvent lu comme un amour stérile car replié sur soi, il peut aussi être perçu comme la quête d'une connaissance aiguë de soi afin de donner un sens profond à notre existence. Ce qui ferait de cette mystérieuse déambulation une plongée dans le subconscient de l'artiste.

Catherine Pavlovic