Flumet, Joëlle (Genève/Suisse, 1971)
Pink Bag, 2023
Tableau, objet
Trois sacs en plastique assemblés, cadre box blanc
Dimensions : 30 x 30 x 5 cm
Acquis en 2023
[n° inv 2023-048]
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Crédits photographiques : Joëlle Flumet, Zürich
Au moyen du dessin vectoriel, Joëlle Flumet développe des séries de planches imprimées sur différents supports, des films d'animation ou encore des sculptures. Elle cultive une iconographie du quotidien, du banal, où les objets domestiques deviennent des révélateurs d'un mode de vie ou d'un groupe social. Ses travaux se développent en séries thématiques pour interroger nos comportements individuels et collectifs. A contrario du rendu lisse et sans affect du trait de ses dessins, l'artiste compose des ensembles ou des installations où elle exerce son regard ironique, voire explicitement critique, sur les dérives de la production et de la surconsommation, mais aussi sur un certain malaise socio-économique.
Ainsi, avec l'édition "Nur der grüne Sack" , Joëlle Flumet s'intéresse à la gestion des déchets ménagers et montre comment un sac-poubelle peut devenir un objet qui nous définit ou nous stigmatise socialement. Elle découvre l'existence d'une entreprise qui permet, dans certains quartiers de l'agglomération zurichoise, d'acheter des sacs-poubelle afin de déléguer le tri de ses déchets à des associations qui œuvrent à la réinsertion professionnelle. Dans un paysage non identifiable mais qui porte toutes les caractéristiques d'un lotissement générique, une desserte au milieu de haies qui protègent et surtout séparent les habitants les uns des autres, un homme, un sac-poubelle vert dans la main, est vêtu d'un gilet d'entreprise. Le premier plan est lui occupé par des sacs roses en attente d'être traités. De ces sachets, tels des ready-mades assistés, résultent deux éditions encadrées "Pink Bag" et "Mr. Green", qui par leur composition rejouent le titre du tableau et font le lien avec le réel du sujet. Le recyclage devient ici le symptôme d'une violence latente de notre modèle socio-économique où les uns mal payés sont à portée de clics d'autres qui, devant leur ordinateur, délèguent la gestion de leurs déchets et les conséquences de leur surconsommation.
Catherine Pavlovic
