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Moser, Frédéric (Saint-Imier/Suisse, 1966)
Schwinger, Philippe (Saint-Imier/Suisse, 1961)


France, détours ; Episode 3 : ainsi arrivèrent-ils fébriles au seuil de la voie royale..., 2013
Vidéo
Vidéo, couleur, stéréo
Durée : 55'49''
Acquis en 2023

[n° inv 2023-046]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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En général, les films ou les installations vidéo de Frédéric Moser et Philippe Schwinger prennent comme point de départ un fait historique, un fait divers ou encore une référence cinématographique pour l'aborder sous une forme particulière de remake. Que ce soit dans une approche plus fictionnalisée ou plus documentaire, le travail des artistes se concentre sur des questions qui concernent notre contexte socio-économique et les comportements humains qui en découlent.

Ainsi, la série en trois épisodes "France, détours" (2009-2013) questionne des adolescents et jeunes adultes français sur le vivre-ensemble. Le déroulé du projet s'inspire de la série télévisée de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, "France, tour, détour, deux enfants", qui proposait un voyage figuré dans la France de 1978 en dialoguant avec une petite fille et un petit garçon. Frédéric Moser et Philippe Schwinger démarrent leur série documentaire avec l'idée de réfléchir à des questions sociales générales mais en s'ancrant dans une réalité concrète.

L'"Épisode I : Devoir et déroute" a été réalisé dans la cité du Mirail, une banlieue de Toulouse. Le film intègre des entretiens directs avec les jeunes habitants du quartier, des images d'archives sur la planification urbanistique de ce grand ensemble et une narration en voix off afin de donner une image plus complexe de la réalité d'une banlieue, ou de la façon dont elle est exploitée par les médias et/ou les politiques. La construction du film permet de replacer les enjeux, les utopies et les politiques que sous-tendent ces grands ensembles avec les idéaux qui prévalaient à leurs planifications et leurs lots de désillusions. C'est aussi la question du sens de l'intégration comme l'évoque une jeune femme, à savoir si l'adaptation à la société relève de la responsabilité individuelle ou collective.

La question du caractère normatif de la société et sa fonction d'incorporer les individus dans un milieu sont traitées dans l'"Épisode II : Ce trait c'est ton parcours". Les artistes s'immergent dans le fonctionnement d'une association en banlieue parisienne (93), « le fil continu », qui accueille des enfants exclus de l'école pour mauvaise conduite. La caméra se concentre presque exclusivement sur les enfants, les éducateurs restant pour l'essentiel hors champ. Pourtant, leur voix et leurs tentatives de négociations occupent un espace important, mais dont les effets semblent avoir un impact limité.

Enfin, l'"Épisode III : Ainsi arrivèrent-ils fébriles au seuil de la voie royale…" montre de jeunes étudiants qui se préparent à entrer dans des filières d'excellence. Le film s'organise autour d'entretiens menés avec ces étudiants. Parfois, les questions qui leur sont adressées sont celles auxquelles ils et elles auront à répondre aux concours d'admission des grandes écoles françaises. D'autres fois, c'est leur vision sur la situation présente ou leur vision d'avenir qui est mis en avant. Bien que les classes préparatoires observées se situent à Marseille, les étudiants viennent de différentes régions de France, vivent en vase clos et ne semblent pas entretenir de relation avec la ville dans laquelle ils se trouvent. Le film aborde aussi la question de tout un formatage du savoir à l'œuvre qui semble laisser peu de place à la mobilité sociale et à la confrontation d'expériences ou d'opinions différentes.

Catherine Pavlovic