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Löffel, Gabriela (Oberburg/Suisse, 1972)


5.752.414.468, 2020 – 2021
Installation vidéo
Installation vidéo trois canaux synchronisés, couleur, mixte, version anglaise et allemande, sous-titrée en anglais et allemand
Durée : 115'
Acquis en 2023

[n° inv 2023-050_1-3]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Gabriela Löffel, Genève
 

Gabriela Löffel utilise l'installation vidéo pour observer et éprouver des structures de pouvoir. Abordant des sujets ouvertement politiques, ses œuvres questionnent les limites du réel. À l'aide d'un montage qui se déploie sur des écrans multiples ou par l'occupation des espaces d'exposition, elle cherche à immerger le spectateur dans le sujet qu'elle traite. Par un travail de mise en abyme ou par la manipulation de codes et de techniques du cinéma, elle vise à mettre en évidence la construction et le processus de fabrication de son sujet. Quant au choix de privilégier une narration fragmentée, il permet de ménager des espaces de réflexion et d'interprétation ouverts sur l'objet proposé.
Dans "5.752.414.468" c'est le travail du casting qui sert à mettre en lumière un fait réel, à savoir le procès de la compagnie énergétique Vattenfall contre la République fédérale d'Allemagne. Vattenfall poursuit l'État allemand pour avoir adopté une politique de sortie du nucléaire rapide et lui réclame la somme de 5'752'414'468 d'euros de dommages et intérêts. La première audience du procès est transmise en ligne et disponible à un large public afin de contrer les nombreuses réactions face à l'opacité des accords de libre-échange internationaux. Gabriela Löffel se saisit des plaidoiries comme d'un script pour les transmettre à un office de casting. Le travail de casting, qui préfigure le travail de tournage, devient ici le cœur même de son installation. Organisée sur trois écrans, l'installation, comme le cadrage des images, met en évidence le processus de construction à l'œuvre dans la présentation d'un fait qu'il soit réel ou fictif. Ce sentiment d'ambivalence des images se retrouve aussi dans la forme documentaire du tournage qui met en abyme la mise en scène d'un fait divers ancré dans la réalité. En s'appuyant sur le texte original de la plaidoirie, l'artiste montre que la volonté de transparence se heurte à la technicité et à la durée du procès, qui le rendent peu compréhensible au citoyen lambda pourtant impacté dans son quotidien.


Catherine Pavlovic