Ruche, Maurice (Genève/Suisse, 1920)

Issu d'une famille d'architectes, Maurice Ruche préféra devenir plasticien et sculpteur : ses préoccupations le conduisirent cependant à ne jamais abandonner ses premières amours, où les dialogues avec l'architecte restent une constante. Influencé notamment par Max Bill, il utilisa l'apparente simplicité et la puissance expressive du langage géométrique : deux colonnes composées de polyèdres irréguliers à sept faces, l'une décalée de 90° par rapport à l'autre. L'artiste nourrira une prédilection pour des formes souvent monumentales, à l'échelle urbaine, comme en témoigne Iraklion, non pas sculptée en pierre mais abordée en béton…comme une architecture.
Yves Christen
« Iraklion » est installée en 1982 après avoir remporté – ex-aequo avec le projet « Alter ego » de Gérald Ducimetière – le concours pour une intervention artistique sur le rond-point de Plainpalais, ouvert aux artistes locaux-ales. Nommée en référence à l'antique cité grecque d'Héraklion, la sculpture monumentale comprend deux colonnes de presque 14 mètres de hauteur, fabriquées à partir de 24 tonnes de béton précontraint. Elles assemblent 12 modules – des polyèdres convexes à sept faces – inscrits dans un parallélépipède droit de 113 cm de hauteur, soit l'un des chiffres clé liés aux mesures du nombre d'or. Les deux colonnes se différencient l'une de l'autre par la rotation de 90 degrés des modules. Cette performance technique permet d'ajouter à la sculpture un élan dynamique, presque cinétique, et tout un jeu d'ombres et de lumières sur ses reliefs. Tel un signal qui surplombe son environnement, la sculpture « Iraklion » marque la place depuis qu'elle y a été implantée.
Artiste autodidacte d'origine genevoise et fils d'architecte, Maurice Ruche exerce dans un premier temps le métier de mécanicien, avant de devenir peintre, dessinateur, graphiste, puis sculpteur dès la fin des années 1950, étant l'un des premiers artiste à travailler l'aluminium et le plexiglas. L'intégration de l'art dans l'architecture occupe une grande place dans sa démarche artistique ; l'idée de collaboration entre architecture, ingénierie et arts visuels, chère à Max Bill, l'influence durablement. Il a ainsi réalisé au cours de sa carrière plusieurs interventions picturales et sculpturales au sein de bâtiments publics ou privés.
MEK