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Montaigu, Charles de (Aix-les-Bains/France, 1946)


Le rêve, 1995
Tableau
Huile sur toile
Dimensions: 162 x 114 cm
Acquis en 1996

[n° inv 1996-003]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Jacques Berthet, Genève
 

Il y a, dans la peinture de Charles de Montaigu, l'émotion (retrouvée ?) de l'usage des
teintes, de leur matière, les couleurs de l'enfance, les primaires, franches, souvent
condensées, toujours objets d'une expérimentation. Comme pour un jeu d'assemblage, elles
interagissent, construisent et se confrontent, s'organisent et se bousculent, s'agressent ou
défendent la parcelle d'un terrain précaire : toutes, elles portent l'accent de l'équilibre fragile
dont elles sont issues. A la différence du geste de dessinateur, le geste du peintre se veut
discret, au service du plan, de la construction, de la limite ; jamais absent, il se cache
davantage dans les retours sur la toile devenue palimpseste. En cela, il trouve une alliée
dans l'épaisse substance de la pâte, qui, figure de repoussoir, s'oppose à la planéité de la
surface, à la tentation du faux : c'est sur ce frottement que la sensation d'espace connaît
ses premiers troubles. La limite, le bord, barrière qui se veut infranchissable, ouvre ici une
perspective sans repères ; l'arête, vive, tranchée, joue du contraste qu'elle induit,
irrémédiablement, sans retenue. La structure se voit dès lors renfermer ce que sa définition
ne laissait présager, le détail de sa perte, une sorte d'incohérence délicate et friable, un
équilibre resté en suspens ; la perception se voile, se désoriente, le regard, désemparé,
ébloui, tente de récupérer l'impression d'une profondeur, se bute à l'idée de plans, premiers
ou éloignés, qui n'existent pas : la toile, alors territoire d'une expérience de la frontière,
contient à chaque fois, dans la tension qu'elle met en danger, la densité du doute.
Stéphane Cecconi