1950 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1960 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1970 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1980 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1990 1 2 3 4 5 6 7 8 9 2000 1 2 3 4 5 6 7 8 9 2010 1 2 3 4 5 6 7 8 9 2020 1 2 3 4
 
1/3: Résultat précédent Résultat suivant

Ding, Emilie (Fribourg/Suisse, 1981)


Burning (Brasilia) III [série "Burning (Brasilia)"], 2012
Dessin, d'une série de quatre
Graphite et techniques mixtes sur papier Papier Lanaquarelle 300 gr, grain satiné, non acide
Dimensions: 121.8 x 178.5 cm (sans cadre); dimensions: 126 x 183 x 5.5 cm (avec cadre)

Acquis en 2013

[n° inv 2013-006]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



>> Autres oeuvres
>> BibliographieAA : Le lien ouvre la bibliographie en fin de page.
>> Imprimer

Crédits photographiques : Sandra Pointet, Carouge
 

L'artiste suisse Émilie Ding, née à Fribourg en 1981, s'inspire de l'architecture moderne du XXe siècle pour son travail de dessin et du génie civil pour ses sculptures. Alors que son œuvre graphique, de larges dessins en noir et blanc de formes élémentaires représentées seules ou en série, est issue de l'abstraction d'éléments architecturaux, ses sculptures en béton et acier empruntent à l'architecture non pas son aspect plastique ou géométrique mais plutôt sa dimension structurelle et statique.

À l'occasion de l'attribution de l'Atelier Berlin à l'artiste par le Fonds cantonal d'art contemporain (FCAC) de Genève, Émilie Ding publia un livre d'images composé de photographies d'architecture en noir et blanc, chacune orientée dans un sens différent et rarement dans celui de la lecture, qu'elle intitula "Sketchbook" ("Carnet de croquis"). Mentionnant de plus le nom des architectes (et de certains artistes) à la toute fin, par la formule : « Avec… » et sans préciser les œuvres respectives, elle semble là s'approprier leurs réalisations en considérant celles-ci comme matériaux bruts pour son travail. De surcroît, la photographie, le noir et blanc, ainsi que le mélange constant des orientations réelles des clichés contribuent déjà à l'abstraction de ces réalisations.

Ainsi, lorsqu'en 2011 et 2012, Emilie Ding peignait deux séries intitulées "Burning" : "Burning (La Tourette) " (2011) et "Burning (Brasilia) " (2012), elle se référait aux grandes figures de l'architecture moderne, respectivement à Le Corbusier et son Couvent Sainte-Marie de la Tourette (1960) et aux architectes des grands projets pour la nouvelle capitale brésilienne, notamment Oscar Niemeyer qui a collaboré avec le paysagiste Roberto Burle Marx (fin 1950). Il s'agit de dessins géométriques peints avec un mélange spécial de graphite et d'huile, appliqué sur un papier d'aquarelle. Faisant écho au titre, cette substance particulière confère au dessin un aspect carbonisé, cependant que l'huile – un combustible – absorbée par le papier, continue à migrer hors des formes nettement tracées en formant un halo qui fragilise le dessin entier et le conduit par ailleurs à sa lente auto-destruction.

Si ces œuvres ne sont pas des copies exactes de détails architecturaux que l'on retrouve mélangés dans le "Sketchbook", elles sont en tout cas des abstractions du « jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière » qu'est, selon Le Corbusier, l'architecture (Le Corbusier, 1923). On devine peut-être dans "Burning (Brasilia) II" les jeux d'ombre sur des brise-soleil triangulés en béton pré-frabriqué de Marcel Breuer (or il n'a pas construit au Brésil), tandis que le "Burning (Brasilia) II" évoque les compositions de R. Burle Marx ; mais il s'agit finalement d'allusions, de souvenirs croisés, comme des héliographies mentales. Par ailleurs, le terme de "Burning" suggère surtout le geste violent de la combustion : l'artiste « brûle » les œuvres dont elle s'inspire, elle brûle ses idoles. C'est peut-être sa façon d'appréhender ses auteurs et de se placer d'égal à égal avec eux, comme elle le fait dans le "Sketchbook" ou à la fin du Cahier d'artiste pour son exposition "Erased" de 2010, où elle cite pêle-mêle en remerciement l'artiste américain Robert Smithson, le groupe de rock psychédélique japonais Acid Mother Temple ou encore les cubo-futuristes.

Lloyd Broda

Bibliographie et sources :

Ding, Emilie. "Sketchbook" Genève : Atelier Berlin Editions, 2016.

Perret, Mai-Thu ; Ding, Émilie et Gross, Samuel. "Emilie Ding". Cahier d'artiste 2013. Luzern ; Poschiavo : Edizioni Periferia ; Zürich : Pro Helvetia, 2013.

Gross, Samuel, and Musée de l'Athénée . Salle Crosnier. "Erased : [Emilie Ding : Société des Arts de Genève, Palais de L'Athénée, Salle Crosnier, 31 mars Au 2 mai 2010." Les Cahiers de La Classe des Beaux-arts, Société des Arts Genève 189. Genève : Société des Arts De Genève, Classe des Beaux-arts, 2010.

Munder, Heike ; Trummer, Thomas. "Displaced Fractures : On the Break Lines of Architecture and Its Bodies". Zurich : Migros Museum Für Gegenwartskunst ; Munich : Siemens Stiftung ; Zurich : Distributed by JRP/Ringier, 2011

Le Corbusier, "Vers une architecture". Paris : Les Éditions G. Crès et Cie, 1923