Quelques années avant d'investir le Musée Rath avec une sculpture qui occupait et architecturait l'intégralité de son sous-sol – une exposition qui a fait date en 1989 –, Charles de Montaigu élaborait dans ce même esprit monumental une œuvre intégrée à l'Ecole des Allières. Des vastes poutres de bois jouant sur leur portée avec les espaces et les surfaces, mur et plafond, définissent et structurent d'un nouveau volume l'un des couloirs de l'école. Ici, Charles de Montaigu utilise le bois sans artifice, le bois est la sculpture, il n'est support à rien d'autre ni n'est transformé pour devenir autre chose. Telle une vaste charpente accessoire qui d'un trait tranche le lieu, ces poutres apportent une scansion à l'espace, une aération nouvelle à son volume, une circulation différente dans sa définition et dans son équilibre. Cette question d'équilibre, dans sa fragilité ou sa précarité, se retrouvera également dans ses sculptures de plus petites dimensions comme dans son œuvre graphique. L'artiste joue sur la sensation d'instabilité, mais sans tricherie, puisque, en respectant les règles d'assemblage, les objets tiennent par eux-mêmes, en porte-à-faux, en tension et en contrepoids. De cette manière, le dessin d'un nouvel volume se construit tant par le trait de la forme charpentée que dans l'ouverture qu'il extrait de l'espace original, tant par le plein que par le vide.
Stéphane Cecconi