Les bibliophiles ont certainement eu l'occasion de remarquer l'œuvre de Gianfredo Camesi à la bibliothèque de la Cité. Inaugurée en 1991, elle est le fruit d'un concours ouvert aux artistes genevois ou domiciliés à Genève, ainsi qu'à quatre artistes suisses invités.
Occupant l'ensemble de la cage d'escalier, quatre anneaux de couleur en métal thermolaqué s'élèvent et viennent se refléter au plafond dans un miroir orné d'un labyrinthe. Chaque étage est souligné, par une couleur : rouge pour la terre, vert pour la vie, jaune pour le soleil et finalement bleu pour le ciel. Gianfredo Camesi utilise la spirale pour représenter l'élévation du corps vers la connaissance matérialisée par le labyrinthe, qui s'inspire de celui incrusté dans le sol de la cathédrale de Chartres.
Bien qu'étant proche de l'avant-garde suisse à la fin des années 1960 et au début des années 1970, Gianfredo Camesi échappe à toute classification. Pur autodidacte, il développe très tôt un langage artistique propre qui se distingue par sa manière de coder et représenter le monde par le biais de symboles et de signes. En 1973, il représente la Suisse lors de la XIIe Biennale de São Paulo, avec une œuvre qui marque le début de cette signographie. Quel que soit le mode d'expression – peinture, sculpture, photographie ou écriture – l'artiste tessinois pratique un art «philosophique» qui relie l'homme à la nature et où s'exprime un univers en perpétuelle mutation.
Valérie Müller