Un beau livre, un bel objet sur un thème original.
Une quinzaine d’auteurs : historiens de l’art, commissaires et curateurs d’innombrables expositions, critiques d’art, fondateurs et rédacteurs de revues d’art et/ou de sites internet, professeurs d’université venant de Suisse, France, Grande- Bretagne, États-Unis, Espagne, Bulgarie, Italie, Belgique.
bilingue français/anglais
Neon Parallax est un projet d’art public ambitieux et singulier mené de 2006 à 2012 par les Fonds d'art contemporain de la Ville (FMAC) et du canton (FCAC) de Genève. Il a été inauguré officiellement en octobre 2012 avec une exposition et un colloque international à la Salle du Faubourg.
Entre la prestigieuse rade du bout du lac et la populaire plaine de Plainpalais, la parallaxe s'appuie sur l'homologie des deux plans en losange et la transposition des messages publicitaires des enseignes qui illuminent la première en installations artistiques lumineuses sur les toitures des immeubles qui bordent la seconde.
Conçu spécifiquement pour la plaine de Plainpalais à Genève, Neon Parallax réunit neuf installations d’artistes suisses et internationaux : Sylvie Fleury (CH), Jérôme Leuba (CH), Christian Jankowski (D), Dominique Gonzalez-Foerster (F), Sislej Xhafa (Kosovo), Nic Hess (CH), Ann Veronica Janssens (B), Pierre Bismuth (F) et Christian Robert-Tissot (CH).
EnjeuxTransposer les enjeux publicitaires des enseignes commerciales de la rade en messages artistiques, tel est le défi qu’ont relevé les artistes invités à participer à des concours de portée internationale. Conduit en quatre étapes, Neon Parallax propose neuf installations lumineuses, chacune conçue par un artiste différent. Les œuvres ont été placées sur les toits au rythme de deux créations originales par année (2007, 2008, 2009) avant que trois nouvelles œuvres ne viennent clore le projet en 2012, suite à un concours sur invitation, un concours public et une commande directe. Grâce à la générosité des propriétaires des immeubles, chaque toiture est mise gracieusement à la disposition des Fonds pour accueillir une œuvre pour une durée fixée à dix ans à partir de 2012. |
Un projet innovantNeon Parallax concrétise plusieurs objectifs des Fonds d’art contemporain de la Ville et du canton. Il innove d’une part par l’expérimentation d’une temporalité différente, avec des interventions artistiques installées dans l’espace public pour une durée limitée à dix ans. Il permet d’autre part d’explorer un nouveau contexte d’intégration pour des œuvres, sans pour autant occuper un espace au sol déjà surchargé et, dans le cas précis de la plaine, très largement investi. De plus, la forme collective de cette réalisation globale constituée de plusieurs œuvres individuelles met en relation des artistes de la scène locale avec des créateurs internationaux. Cette démarche permet finalement de considérer l'environnement urbain comme un espace commun à questionner et revaloriser par un nouveau regard. |
Quelques chiffresUn budget total de 950'000 francs suisses, pour la réalisation de huit interventions artistiques, a été alloué à ce projet (soit en moyenne 125'000 francs par intervention). Il se répartit sur quatre périodes – 2006-2007, 2007-2008 et 2008-2009 et 2011-2012. Chaque Fonds a donc consacré au final 475'000 francs à la réalisation globale du projet, comprenant tous les frais d’organisation des concours, du jury, les honoraires des artistes et de l'architecte, la production des œuvres et leur promotion. La neuvième enseigne artistique a, quant à elle, fait l’objet d’une commande directe par Pierre Darier, banquier privé, pour le toit de la banque Lombard Odier & Cie. |
L’emploi de slogans est une pratique récurrente dans le travail de Sylvie Fleury. Ceux-ci sont souvent empruntés, tels des formules toutes faites, au monde de la mode et du design. Le déplacement de leur contexte en renouvelle et enrichit la lecture. Le concept proposé ici par l’artiste, YES TO ALL, existe déjà dans son œuvre sous différentes versions : titre d’expositions, installations réalisées en cristaux sur miroirs ou en néon, etc.
L’œuvre s’intègre agréablement sur le bâtiment par le choix judicieux de la typographie et par la vivacité de la couleur. Le projet a séduit par l’optimisme et l’universalisme du message qu’il transmet.
Sylvie Fleury, CH, *1961, vit et travaille à Genève.
Présentation audio du projet
Par Diane Daval, conseillère culturelle et responsable du FCAC
Breath est un tube lumineux unique de 24 mètres de longueur qui diffuse un halo uniforme de lumière blanche (par définition, la somme de toutes les couleurs) et qui semble comme suspendu dans l’espace. La pureté formelle du projet se réfère à l’architecture moderniste du bâtiment dont elle souligne sans artifices l’orthogonalité.
Avec Breath, l’artiste joue sur la fluctuation de la lumière qui baisse d’intensité jusqu’à devenir quasiment invisible, puis augmente à nouveau jusqu’à son intensité maximale. La lumière en pulsion paraît en perpétuel mouvement, en respiration, et semble ainsi donner vie au bâtiment.
Jérôme Leuba, CH, *1970, vit et travaille à Genève.
Ndlr : l’œuvre a dû être démontée en juillet 2017, pour des raisons de sécurité, liées à la durée de vie limitée (dix ans) des matériaux.
Ce projet s’inspire des «aide-mémoire» que l’artiste écrit et qui comprennent les questions qu’il doit poser à son galeriste, ses assistants, ses étudiants, voire même à son comptable. Ces listes s’accumulent, se multiplient sur son bureau et forment un journal de notes personnelles, chaotiques, parfois humoristiques qui le détournent de son travail artistique tel qu’il devrait le faire. L’idée lui est donc venue d’utiliser ce matériel comme support d’un projet artistique. Pour Neon Parallax, l’artiste présente une question issue de ces nombreuses listes. Soll ich noch Geld ausgeben? fonctionne comme réponse sociale aux nombreuses enseignes à but commercial qui sont placées sur la rade. La pertinence et l’universalité de la portée du message inscrit une question personnelle, quotidienne et sociale au cœur du monde publicitaire et consumériste. Malgré la langue utilisée par l’artiste – l’allemand –, la calligraphie manuelle du néon renforce son accessibilité. Au-delà des qualités plastiques de la proposition, on reconnaît également la générosité et l’empathie propres au travail de l’artiste.
Christian Jankowski, DE, *1968, vit et travaille à Berlin et New York.
Présentation audio du projet
Par Anne-Belle Lecoultre, historienne de l'art et collaboratrice scientifique au FCAC
Expodrome est une installation lumineuse composée de lettres en LED dont la typographie permet l’allumage individuel ou fragmenté selon quatre possibilités : orange, blanc, rose ou éteint. Le mot complet apparaît toutes les heures pendant une minute. Le reste du temps l’enseigne semble dysfonctionner ; elle connaît toutes sortes de troubles jusqu’à devenir complètement illisible. Elle affiche tantôt des parties du mot («rom»), une lettre («x») ou encore des signes abstraits. Le rythme des dysfonctionnements peut servir de repère. Par exemple, le «x» apparaîtra toujours à la demi de l’heure. Cette œuvre opère donc comme une horloge secrète, mais elle est également en totale opposition avec la perfection supposée des enseignes publicitaires qui entourent le bord de la rade.
Expodrome est également le titre de l’exposition de l’artiste française visible en 2007 à l’ARC (Paris) et qui a voyagé sous ce même nom dans le monde entier. Ce mot fait ainsi référence à l’exposition, mais suggère aussi l’existence d’un lieu dans la ville, consacré à l’idée de l’exposition. Un des intérêts du projet réside dans ses différents degrés de lecture : l’horloge secrète, l’aspect ludique des signes qui vont de la lettre en passant par le fragment de mot jusqu’au signe abstrait, la gaieté des couleurs, la référence au lieu d’exposition, etc.
Dominique Gonzalez-Foerster, FR, *1965, vit et travaille à Paris et Rio de Janeiro.
Présentation audio du projet
Par Michèle Freiburghaus, conseillère culturelle et responsable du FMAC
Pour Neon Parallax, l'artiste kosovar propose l'installation sur le toit plat de l'immeuble de deux grands yeux dessinés en tôle thermolaquée blanche, et éclairés au moyen de tubes néon blancs. Le dessin linéaire, nettement visible de jour, est complété de nuit par un halo noir diffusé indirectement à l’arrière de la pupille. Le sujet a été choisi pour son universalité, et parce que les yeux sont la partie du corps par laquelle passe le mieux la communication. Le dessin simplifié mais subtil permet une identification claire par le grand public. C'est le premier élément figuratif installé en toiture sur la Plaine de Plainpalais, et la première réalisation dans cette technique. L'ensemble apporte une rupture d'échelle stimulante et un aspect onirique intrigant.
Sislej Xhafa, Kosovo, *1970, vit et travaille à New York.
Présentation audio du projet
Par Michèle Freiburghaus, conseillère culturelle et responsable du FMAC
L’installation conçue par l’artiste zurichois se compose de caissons lumineux en losanges juxtaposés et formant la silhouette d’un cerf-volant. La forme des losanges s'inspire du contour de la plaine de Plainpalais. Les caissons lumineux sont éclairés par des LEDs dont la couleur varie selon un rythme hebdomadaire, 52 fois par année. Entre figuration, décoration et abstraction, la proposition de l'artiste se caractérise par sa gaité, son apparente simplicité et son dynamisme.
Nic Hess, CH, *1968, vit et travaille à Zurich et Londres.
Présentation audio du projet
Par Anne-Belle Lecoultre, historienne de l'art et collaboratrice scientifique au FCAC
L'artiste belge, connue surtout pour des installation lumineuses où des brouillards colorés dissolvent formes et contours, s'intéresse aux limites de la perception, au continuum de l'expérience physique et mentale du spectateur. Pour Neon Parallax, elle propose de reprendre un fragment de phrase qu'elle a trouvé sur une affichette sur le site même de Plainpalais. Celle-ci rendait compte d'une soit-disant recherche menée par l'Université de Cambridge, selon laquelle l'ordre des lettres dans un mot n'a pas d'importance pour sa lisibilité à condition que la première et la dernière lettre soient à la bonne place. Le texte repris ici en lettres capitales blanches, L'ODRRE N'A PAS D'IPMROTNCAE, suscite une appréhension en plusieurs temps, dévoilant un réflexe de lecture qui permet, par la mise en ordre automatique, une compréhension globale; l'œuvre suscite une réflexion au-delà du rétinien, et interroge sur ses divers sens possibles, du visuel concret à l'épistémologique, de l'artistique au politique.
Ann Veronica Janssens, BE, *1956, vit et travaille à Bruxelles.
L'artiste français juxtapose et mêle les logiques propres à divers champs d'activité sociale, le commercial, le divertissement, le politique, l'artistique, révélant et questionnant leurs frontières par glissements successifs. L’œuvre lumineuse proposée pour Neon Parallax se compose du texte Coming Soon!, en tube néon bleu murano. Ce texte reprend la formule type des bandes annonces des films prochainement promis à l'affiche; ces invitations alléchantes sont souvent plus convaincantes que les films eux-mêmes, puisque leur caractère élusif et fragmenté permet à chacun de les investir de ses désirs et de son imaginaire. Quittant le contexte du cinéma pour se confronter à l'espace public, l'œuvre joue sur le désir et l’attente du spectateur de façon encore plus ouverte et indéfinie, dénonçant peut-être les promesses creuses de la publicité, mais laissant également à chacun le choix de son propre objet de désir; elle matérialise cet espace idéal de projection et la liberté individuelle de l'imaginaire.
Pierre Bismuth, FR, *1963, vit et travaille à Bruxelles.
Le langage est le matériau de prédilection de Christian Robert-Tissot. L'artiste suisse, connu surtout pour ses textes-slogans détournés, travaille depuis de nombreuses années sur de nombreux supports : enseignes lumineuses, toiles, panneaux, volumes ou appliqués directement sur les murs, qui interpellent et interrogent. Ses mots ou énoncés apparaissent comme des interfaces mettant en relation leur signification, leur forme et leur taille, leur police de caractère utilisée et le contexte spatial pour lesquels ils sont conçus. Ses mots-images sont ainsi en relation étroite avec leur environnement, tant architectural que culturel. Pour Neon Parallax, l’artiste propose de placer le mot DIMANCHE en majuscules sur le toit de la banque commanditaire. Ce mot apparaît comme une injonction à la pause, au jour de repos, et à une place libre, dénuée de toute actualité dans les agendas, tout en restant en décalage complet par rapport à l’idée du slogan et de la publicité.
Christian Robert-Tissot, CH, *1960, vit et travaille à Genève.
Ce projet de revalorisation artistique n’aurait pu trouver de concrétisation sans l’appui de partenaires privés, à savoir les propriétaires des immeubles. Ce mécénat particulier met à disposition de la Ville et du canton, pour une période de 10 ans, l’espace de leurs toitures.
Fonds municipal d'art contemporain (Fmac) Rue des Bains 34, 1205 Genève T +41 (0)22 418 45 30 fmac@ville-ge.ch Site web officiel du FMAC |
Fonds cantonal d'art contemporain (FCAC) Sentier des Saules 3, 1205 Genève T +41 (0)22 546 63 80 fcac@etat.ge.ch Site web officiel du FCAC |
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