Objet 53 : 10

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Masque heaume à quatre faces ñgontang
Gabon, Moyen-Ogooué
Fang, sous-groupe Betsi. 19e - début du 20e siècle
Bois, pigments, kaolin. H 39 cm
Acquis en 1944 du pasteur Fernand Grébert, missionnaire au Gabon de 1913 à 1931
MEG Inv. ETHAF 019642

Notice

Des visages blancs, couverts de kaolin, occupent trois des faces de ce masque heaume, tandis qu’un saurien – lézard ou caméléon – est sculpté en relief sur la quatrième. Ñgontang signifie « la jeune fille blanche » ou bien « la fille de l’homme blanc ». La couleur blanche est celle des esprits des morts pour les Fang, comme dans toute l’Afrique équatoriale.
Ce masque, lié aux pratiques d’antisorcellerie, est la métaphore d’une capacité de vision absolue. Les deux visages latéraux viennent en appui du regard frontal, alors que le caméléon, aux yeux exorbités et indépendants, est plaqué au dos du masque. Ces quatre paires d’yeux traquent le sorcier maléfique qui, par essence, ne peut être vu de sa proie et qui avance, lui aussi
« masqué », invisible.
Véritable instrument de régulation sociale, la lutte contre la sorcellerie par l’intervention des masques a peu à peu disparu en pays fang au début du 20e siècle, sous la pression des missionnaires et du gouvernement colonial. Pour autant, les masques janus ñgontang dansent toujours, dans un cadre devenu festif, dénué de tension rituelle. Dans son observation des Sociétés de danse chez les Fang, Jacques Binet rapporte en 1972 que le danseur qui arbore le masque heaume lors d’une célébration publique doit être préalablement initié et s’être soumis à une continence sexuelle avant son apparition. Entièrement dissimulé sous un costume de fibres, ses mains et ses pieds glissés dans des socquettes, le danseur exécute la danse ñgontang au son de la voix d’une chanteuse, également initiée. Tous deux sont alors sous l’emprise de l’esprit de la « jeune fille blanche ».

Bibliographie


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