ETHOC 020507

bambou gravé

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020507
Karè e ta engraved bamboo illustrating yam and taro growing
New Caledonia
Kanak. 19th century
Bamboo. H 153,5 cm
Gift of Nancy Anne Balleidier in 1937
MEG Inv. ETHOC 020507
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Avec vingt-six spécimens, le MEG possède la deuxième plus importante collection de bambous anciens de Nouvelle-Calédonie, après celle du musée du quai Branly, qui en compte soixante-quatre. Comme leur nom l’indique, il s’agit de tiges de bambous, de longueur et de diamètre variables, incisés ou pyrogravés. Recouverts de motifs géométriques et figuratifs, ils illustrent avec beaucoup de précision et d’adresse aussi bien les multiples aspects de la vie quotidienne des Kanak que l’irruption des Européens au 19e siècle. Selon le missionnaire et ethnologue français Maurice Leenhardt, lorsque les Kanak s’aventuraient hors de leur village, ils emportaient avec eux un bambou gravé comme viatique pour se protéger des dangers de la route. Des herbes magiques, censées assurer leur protection, y étaient enfermées. Les vieux l’utilisaient en guise de bâton de marche et, à travers ses dessins, détaillaient les hauts faits ou les malheurs des ancêtres. Pour leurs détenteurs, ces objets étaient aussi des aide-mémoire visuels, des supports destinés à rappeler un événement important, comme des rouleaux où inscrire leurs «impressions les plus vives pour les faire partager à d’autres». On les a alors appelés «bambous gravés», ce qui est finalement «le seul nom que le Canaque lui ait jamais donné» ou ka-rè e ta en langue ajië comme le rapporte la légende Les deux sœurs Moaxa.

Pour comprendre le langage des bambous gravés, nous devons nous replonger dans la Nouvelle-Calédonie du 19e siècle. Ces véritables bandes dessinées permettent de dresser l’inventaire des activités matérielles et religieuses des Kanak, mais également d’illustrer la vie des colons: rares sont les bambous sur lesquels ne sont représentées que des scènes traditionnelles. En les examinant attentivement, on peut y reconnaître des évocations de la vie quotidienne: la pêche, la chasse, la culture de l’igname et du taro, le village avec l’allée de la Grande Case, mais également les mythes, les rites, des pilou et des scènes de deuil. Mais les graveurs ont représenté tout ce qu’ils voyaient, et comme les principaux centres d’occupation coloniale et missionnaire se trouvaient à proximité des villages kanak, ils se sont attachés à décrire aussi la vie coloniale dans ses nombreux aspects: la maison coloniale avec son toit à quatre pentes, le cheval monté ou attelé à un buggy, les bateaux à voile ou à vapeur, les outils agricoles ou ceux du charpentier, les expéditions punitives, le fusil, l’uniforme militaire, l’alcoolisme des soldats français. Recueillis entre 1850 et 1920, les bambous kanak remontent principalement au 19e siècle et leur production s’est vraisemblablement interrompue vers 1917, date de l’une des grandes révoltes anticoloniales en Nouvelle-Calédonie.

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Registres d'inventaires historiques

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Ressources

Multimedia

The Kanak, the first inhabitants of New Caledonia

One morning in September 1774, the explorer James Cook sighted islands on the horizon which he called New Caledonia, because the landscape reminded him of Caledonia, the old name for Scotland, his country of origin.

And yet the island had been inhabited by the Kanak for over 3,000 years. Despite variations in their social systems and art styles, they all share a close relationship to the land and ancestors.

Engraving memory

Engraved bamboos are among the most original works in Kanak art. With their geometrical and figurative motifs, they illustrate with great accuracy and skill the multiple aspects of the life of the Kanak people, including the arrival of Europeans in the nineteenth century. For their owners, these objects were visual memory aids, helping them recall an important event, record their impressions and share them with others.

Although production was stopped around 1917, several contemporary artists have revived a traditional medium and techniques to express present-day concerns and reality.

Bibliograpy

  • Lobsiger-Dellenbach, Marguerite et Georges. 1957. Trois bambous gravés de Nouvelle-Calédonie (Collection Emile Chambon, Genève)..Archives suisses d'Anthropologie générale XXII (1): 76-92.
  • Boulay Roger. 1993. Le bambou gravé kanak. Marseille: Parenthèses, 55
  • Dellenbach, Marguerite et Georges Lobsiger. 1938a. Traité d'agriculture néo-calédonienne (igname et taro) gravé sur un bambou..Archives suisses d'Anthropologie générale VIII (1): 55-70.
  • COLOMBO DOUGOUD, Roberta (dir.). 2008. Bambous kanak. Une passion de Marguerite Lobsiger-Dellenbach. Catalogue d'exposition. Gollion: Infolio éditions / Genève: Musée d'ethnographie, coll. Sources et témoignages No 9., 100-104

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