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Goël, Véronique (Rolle/Suisse, 1951)


Hidden Charms, 2015 – 2017
Cahier, album
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Dimensions : 24 x 32 x 4 cm
Acquis en 2022

[n° inv 2022-033]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Thomas Maisonnasse, Genève
 

Depuis la fin des années 1970, la pratique cinématographique de Véronique Goël investigue l'économie des modes de vie singuliers au sein d'un milieu social. En parallèle à son travail filmique, elle mène une démarche photographique et conçoit, en 2000, une installation d'envergure à partir d'un ensemble de prises de vue réalisées en ex-Allemagne de l'est et au sud de Berlin. Après la délocalisation des activités industrielles sur ce territoire immense, les ouvriers sont licenciés, les usines démantelées, et le site entièrement nettoyé de ce passé. Dans la série de vidéos et de photographies entreprises en 2004, lors d'une résidence d'artiste à Barcelone, les indices des fractures sociales et historiques sont appréhendés à travers le prisme de la gentrification. Plus récente, "Hidden Charms" (2015-2016) pointe la brutalité de la spéculation immobilière à l'est de Londres et la privatisation de l'espace public qui résulte de l'expansion des centres financiers et touristiques. L'architecture standardisée des bureaux, hôtels et restaurants s'insère comme autant de « tessons de verre » qui obstruent les dernières percées sur l'horizon.

Le travail de recherche au fondement de "Hidden Charms" se condense dans un cahier d'artiste. À ses propres photographies, Véronique Goël associe les cartes du territoire qu'elle arpente, des coupures de presse qui relatent les scandales financiers et politiques liés aux constructions spéculatives, ainsi que des passages de ses lectures sur l'histoire de la ville et son passé industriel. En ouverture, une photographie marque le contraste entre l'alignement des bâtiments de la fin du 19ème et le chantier d'une tour sur le point d'être achevée. Les séquences suivantes soulignent l'oblitération du ciel par l'imbrication des infrastructures urbaines, miroité par quelques façades en verre. Alors que les contours de la ville deviennent illisibles, la succession des compositions visuelles structure une « cartographie cognitive ». Aux constructions invasives est opposée la mixité culturelle des migrations successives perceptible dans ces quartiers anciennement périphériques et défavorisés. Inscrit sur la palissade d'une friche, le graffiti ironique d'"Hidden Charms" incite à s'émerveiller des charmes cachés des zones encore inexploitées, en réponse à la béance mémorielle laissée par les entrepôts rasés ou réaffectés en logements de luxe.

Geneviève Loup