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Bauer, Marc (Genève/Suisse, 1975)


Eden, Eden, Eden, 2021
Tapisserie
Tapisserie
Dimensions : 185 x 290 cm
Acquis en 2022

[n° inv 2022-047]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Sebastian Schaub, Zurich
 

Mêlant histoire privée et histoire collective, mémoire fictive et souvenirs personnels, les dessins de Marc Bauer se présentent sous forme de larges compositions, dans lesquelles chaque feuille renferme une scène ou une évocation dans un développement temporel à (re-)construire. Fragmentée, effacée, muette ou accompagnée d'un texte, l'image contient une forme d'urgence et de violence, qui, toutes deux, font écho à la réflexion de l'artiste sur la notion de pouvoir et sur ses dérives. L'absence de linéarité dans le récit renvoie aux bribes ou retours de mémoire, pour laquelle les interstices et les non-dits se révèlent des plus éloquents. Dans son travail, le dessin s'est progressivement détaché de sa feuille pour s'étendre à d'autres formes (objet, dessin animé, tapisserie), mais surtout pour s'ouvrir à l'espace, sous une forme d'all-over, où la superposition ou juxtaposition de couches ajoute à la profondeur et à la discontinuité de l'interprétation. Détaché d'une volonté de rendu réaliste, le trait de Marc Bauer suit les indécisions et les hésitations de l'esprit, une forme d'imprécision, où rien n'est jamais établi.

"Eden, Eden, Eden", vaste tapisserie murale, tire littéralement son nom d'un titre de l'écrivain Pierre Guyotat, un roman sur les atrocités de la guerre, la violence et la soumission de la chair et du sexe. A ces thématiques qu'il connaît bien, Marc Bauer mêle ici des souvenirs d'enfance, de jeux, de jardin de campagne et d'épineux, un cadre a priori idyllique et idéal. Si cette œuvre renvoie inévitablement à la tradition des manufactures des Gobelins et d'Aubusson, notamment pour les motifs champêtres, elle a été réalisée, selon des procédés mêlant savoir-faire séculaire et innovation (utilisation de fibres en plastique recyclé), par une entreprise familiale italienne, auprès du lissier Giovanni Bonotto à Colceresa (Vicence). Marc Bauer ne souhaitait pas retranscrire un dessin en tapisserie, mais davantage user des spécificités de cette technique pour un rendu et un traitement qui puissent se frotter plastiquement à son trait et à sa graphie et provoquer une même sensation troublée.

Stéphane Cecconi