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Lewis, Mark (Hamilton, Ontario/Canada, 1958)


Things Seen, 2017
Vidéo
Vidéo 6K remasterisée en 4K, noir et blanc, muet
Durée : 5'40''
Acquis en 2023

[n° inv 2023-002]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Mark Lewis construit son œuvre comme un inventaire des inventions cinématographiques, telles que l'expérimentation des mouvements de caméra, les effets de l'objectif, le renversement de l'image ou autres trucages. Si ses premières œuvres exposent un cinéma fragmenté autoréflexif, il développe par la suite une analyse de l'image qui est plus proche de celle adoptée pour la photographie ou la peinture. Toujours silencieux, ses films invitent à porter une attention soutenue à l'image et à observer le sujet sur un temps relativement long. Ses films ne font pas l'objet d'un montage sophistiqué ; il joue au contraire sur le choix d'un seul effet de la prise de vue, laissant ainsi la possibilité d'expérimenter la révélation de l'image en temps réel.

Si les films de Mark Lewis sont des objets autonomes, il arrive parfois qu'ils soient conçus comme des éléments d'une série ou pour répondre à un projet spécifique tel qu'une exposition. C'est le cas de "Valley" et de "Things Seen", deux films conçus pour son exposition à la Art Gallery of Ontario à Toronto en 2017 et intitulée "Canada". Avec ce titre, l'artiste ne cherche pas à sonder l'identité de son pays natal, mais il se réfère au roman de Richard Ford, "Canada", qui décrit une Amérique du Nord au seuil de la modernité et où le protagoniste va trouver refuge dans la région sauvage du Canada, la Saskatchewan.

Dans le film "Things Seen", la caméra occupe une place de véritable partenaire avec la protagoniste. Fixée sur l'horizon d'une plage, elle filme une femme sortir de l'eau et s'avancer lentement vers elle. S'ensuit une chorégraphie entre la femme et la caméra, sur le sable, qui se présente comme une observation mutuelle mais aussi avec une certaine forme de défiance qui émane de l'attitude de la femme. Après avoir soutenu le regard et le mouvement de la caméra, cette dernière finit par ajuster sa combinaison de plongée et retourner dans l'océan. Le film se termine sur un sentiment d'irrésolu. Il dévoile toutes les traces laissées par la rencontre entre les deux protagonistes sur le sable pour évoquer la cartographie d'un nouvel espace. Le film semble proposer une confrontation entre la civilisation technologique, l'humain et le territoire, tout en veillant à ménager suffisamment d'ambivalence afin de laisser une ouverture pour repenser les rapports entre la nature et la culture.

Catherine Pavlovic