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Bouvard, Harold (Bonneville/France, 1974)


Contact n°6, 2009
Sculpture
Papier de verre usiné, monté sur châssis
Dimensions : 180.5 x 92 x 5.3 cm
Acquis en 2023

[n° inv 2023-019]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)



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Crédits photographiques : Harold Bouvard, Genève
 

C'est une grande liberté qui caractérise à première vue le travail d'Harold Bouvard, un geste franc et précis, particulièrement intuitif, tant dans sa manière d'aborder sa pratique ou le monde de l'art que dans son savoir-faire, dans l'expérience des matériaux. Sa formation d'ébéniste et son approche artistique en autodidacte lui ont certainement permis, dès ses débuts, de se décharger d'un bagage théorique, souvent grevé, et de se frotter aux frontières et aux limites, souvent rugueuses, entre les métiers, les genres et leurs différentes approches. Harold Bouvard traite ainsi le bois, le cuir, l'objet récupéré, le collage, le dessin, le mobilier, l'installation sous un faux couvert de dilettantisme, mais avec un regard acéré sur un monde hébété de trop-plein. On s'approche dans son travail de la notion de bricolage, au sens d'ensembles clos d'outils et de matériaux, hétéroclites, réutilisables et réutilisés, ouverts aux occasions de se renouveler, de s'enrichir, et où la trace humaine de l'usure et de l'usage est toujours sensible.
En 2005 dans l'espace àDuplex, puis, de manière plus monumentale encore, en 2006 sur les colonnes du portique du Musée Rath, Harold Bouvard présentait des rouleaux industriels, démesurés, de papier de verre usé. Une position affirmée de sa part, concise et radicale, dans laquelle précisément la main de l'artiste disparaît, où c'est l'outil technique qui est mis au-devant d'une quelconque intervention artistique, l'usure automatisée et aléatoire issue de la machine. En 2010, invité à la Salle Crosnier, l'artiste détournera son geste en fixant ces papiers de verre sur un châssis, « muséalisant » ainsi l'objet ; cette simple intervention invertit instantanément et inévitablement le sens du regard. La toile, qui n'en est pas une, fait figure de composition abstraite, un arrangement de tons, de coloris, de structures (en bandes) dont l'artiste est absent mais témoin. La série Contact est une œuvre jalon pour Harold Bouvard, elle est le début du fil d'une réflexion qui le portera à questionner les matières, leur traitement et le positionnement qui, à chaque fois, y est invoqué.

Stéphane Cecconi