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Lewis, Mark (Hamilton, Ontario/Canada, 1958)


After (Made for TV), 1999
Film transféré sur vidéo
Film 35mm et super 16mm transféré sur vidéo Betacam, SP, PAL, couleur, son, version anglaise
Durée : 16'24''


[n° inv FAI0734.01]

Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC) - Fonds André Iten



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« After (Made for TV) » est un film constitué exclusivement de scènes succèdant à des actions ; ces dernières ne sont jamais montrées. Le spectateur est confronté à des séquences dont le sens est difficile à saisir, puisqu'elles sont isolées des événements dont elles résultent. Il est impossible de reconstruire la trame narrative générale, voir même d'identifier le genre précis du film : film dit « d'action », drame, etc. Certes, au vu de la gravité de certaines scènes, ces dernières ne semblent pas être extraites d'une comédie. La présence répétée de deux thèmes musicaux ainsi que l'apparition récurrente des mêmes personnages laisse penser qu'il s'agit bien d'un seul film, tronqué. Le style est d'influence « téléfilm américain ».

Mark Lewis présente son travail comme étant du « cinéma en pièces » (part cinema). Il entend par là révéler les constituants atomiques spécifiques du cinéma. Or, les scènes postérieures aux actions sont une invention proprement cinématographique. Bien qu'elles soient structurellement rattachables à la fiction et à la narration en général, elles ont, au cinéma, une particularité formelle qui les distingue de leurs pendants littéraires. À l'écran, surtout dans le cinéma ou le téléfilm américains, ces scènes se caractérisent par l'uniformité de leur contenu (personnage conduisant une voiture, couple se réveillant dans un lit, etc.) et sont accompagnées d'une ligne musical sui generis (thèmes lents aux cordes ou au piano) ou de silence. Le travail de Mark Lewis révèle cette homogénéité, du fait de l'isolement des plans. En ceci, Mark Lewis effectue une déconstruction du cinéma grand public.

Ce film, dont le titre indique qu'il est « fait pour la télé », a été uniquement montré en salle d'exposition, galerie ou musée. D'une part, il serait étonnant de trouver une chaîne de télévision qui accepterait de le diffuser : sa diffusion susciterait l'agacement des téléspectateurs attendant une action qui ne vient jamais. D'autre part surtout, Mark Lewis refuse de projeter ses films dans des contextes « classiques », comme par exemple dans des salles de cinéma. Ce refus, entraînant un déplacement du spectateur, l'éloigne de ses attentes habituelles eu égard aux films, et le force dès lors, par ce déracinement contextuel, à adopter un point de vue objectivant. Ainsi, ce film est « fait pour la télévision » (« Made for TV ») non pas en ce qu'il est destiné à être montré sur une chaîne de télévision, mais en ce qu'il vise à interroger la forme télévisuelle elle-même, en l'occurrence la production de type téléfilm grand public. Il est dès lors « fait pour penser, ou repenser, la télévision ».

Hamid Taieb