ETHOC 009569

masque tatanua

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009569
Masque tatanua
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Irlande
Fin du 19e - début du 20e siècle
Bois d’Alstonia scholaris, fibres végétales, tapa, opercule de Turbo petholatus, bambou, pigments. H 37,5 cm
Dépôt d’Eugène Pittard en 1923, donné par son fils Jean-Jacques en 1966
MEG Inv. ETHOC 009569
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Environ la moitié des objets collectés en Nouvelle-Irlande sont des masques, dont un tiers de type tatanua, qui combinent divers matériaux: le bois, le tapa, les fibres végétales et les opercules de coquillage, pour créer des formes originales. Les masques tatanua présentent, sous une sorte de casque en fibres, un visage en bois sculpté et peint pourvu d’une large mâchoire et de dents démesurées en signe d’agressivité. Ils sont associés aux rites funéraires malagan et sont utilisés lors des danses du dernier jour du rituel. Les danseurs évoluent par paires, en groupes ou en rangs, leur corps dissimulé par de fines bandes de feuilles qui les couvrent de la taille au genou. Les spectateurs forment un cercle à l’intérieur duquel se placent les musiciens qui frappent en rythme sur des tambours, des planches et des baguettes de bambou.

Diverses interprétations coexistent sur la signification de ces masques, conservés de cérémonie en cérémonie. Selon certains auteurs, la crête de fibre végétale jaune représenterait la coiffure des hommes en deuil. Ceux-ci, après s’être laissé pousser les cheveux et les avoir recouverts de chaux et de teinture jaune, se rasaient les côtés du crâne qu’ils recouvraient d’une couche de chaux dans laquelle ils gravaient des dessins, ne conservant qu’une étroite crête de cheveux coiffés en brosse. Chaque masque est unique et comporte un détail qui rappelle les caractéristiques du visage du mort qu’il représente. Selon d’autres auteurs, les masques tatanua refléteraient les canons de la beauté masculine: ce type de coiffe, un nez proéminent, les lobes des oreilles percés, une grande bouche à la denture saine.

Ce spécimen présente une particularité, l’emploi de la couleur bleue à partir du «bleu de lessive», le Reckitt’s Blue, qui fut introduit dans l’archipel de Bismarck en 1883.

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Registres d'inventaires historiques

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Les malagan de Nouvelle-Irlande

Dans la moitié nord de l’île de Nouvelle-Irlande et dans les îles avoisinantes, la mort d’un membre éminent déclenche un cycle de rites funéraires appelés malagan qui s’achève quelques années après son décès. La cérémonie finale, avec des danses et la distribution de dons, culmine avec l’exposition de sculptures réalisées pour l’occasion. Après leur dévoilement, les œuvres sont détruites ou abandonnées à une dégradation naturelle.

Du terrain aux collections

À la fin du 19e siècle, un nombre étonnant de malagan apparaissent dans les collections. Une fois les cérémonies achevées, les sculptures ne sont plus efficaces et à la place d’être détruites ou abandonnées, elles sont vendues aux Européens. Célèbres pour la profusion et l’enchevêtrement foisonnant des motifs, les malagan se distinguent par leur richesse et variété stylistique. Ils ne fascinent pas seulement les explorateurs et les scientifiques mais également les artistes du début du 20e siècle, notamment les expressionnistes allemands et les surréalistes français qui trouvent dans ces formes artistiques une source d’inspiration.

Aujourd’hui, on recense plus de 25’000 œuvres de Nouvelle-Irlande dans les collections publiques et privées.

L’artiste surréaliste André Breton dans son atelier à Paris avec un masque de Nouvelle-Irlande. Photographie d’Edouard Boubat, 1956 © Gamma Rapho / Getty Images

Bibliographie

  • Colombo Dougoud, Roberta. 2014. Les collections Océanie. In: Regards sur les collections. Genève: Musée d'ethnographie de Genève, 230-231
  • Gunn, Michael et Philippe Peltier (dir.). 2007. Nouvelle-Irlande. Arts du Pacifique Sud. Paris: Musée du quai Branly, 5 Continents
  • Derlon, Brigitte. 1997. De mémoire et d'oubli. Anthropologie des objets malanggan de Nouvelle-Irlande. Paris, CNRS Éditions/Éditions de la Maison des sciences de l'homme

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