ETHAF 012780

Figure canine Janus "kozo"

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012780
Figure canine Janus kozo
Congo, RD Congo ou Angola, Bas-Congo, forêt du Mayombe
Yombe. Fin du 19e siècle
Bois, fer, laiton, matières composites. L 73 cm
Acquise à Paris en 1930
MEG Inv. ETHAF 012780

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Dans la classe des « fétiches à clous », les silhouettes anthropomorphes ou minkisi nkondi, demeurent les plus connues. Pourtant, dans l’aire culturelle Kongo, ces sculptures hérissées de lames et lestées de charges magiques peuvent aussi revêtir une apparence canine, évocatrice des sens développés de cet animal domestique, protecteur et instrument de recherche des sorciers.

Le kozo, un nkisi ayant l’apparence d’un chien avec une tête à chaque extrémité du corps, fut très en vogue sur la côte de Cabinda dans les années 1880, en pleine expansion coloniale, période à laquelle la société kongo cherchait activement à se rassembler et à se restructurer pour faire face à la colonisation. Il fallait notamment gérer la contradiction entre résistance à l’envahisseur et volonté de développer avec lui des relations commerciales. Les minkisi étaient au cœur des rituels qui se développaient dans ce contexte. La représentation d’un chien bicéphale n’est pas une simple figure de style. Le chien est en effet considéré comme un médiateur entre le village – c’est l’animal domestique qu’on ne mange pas – et le royaume des ancêtres – la forêt où l’on chasse le gibier, cheptel des ancêtres défunts qui veillent sur les vivants. On dit que les ancêtres ont quatre yeux et que pour rejoindre leur monde, il faut traverser un village de chiens. La configuration janiforme de ce nkisi accentue son ambivalence et son omnipotence : cet esprit n’a plus d’avant ni d’arrière, il attaque de part et d’autre, sa vision est périphérique.

Boris Wastiau

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Ressources

Multimédia

L'Afrique centrale

L’Afrique centrale est plurielle; seules quelques facettes en sont montrées ici à travers sculptures, instruments du rite, armes et aquarelles. Sur cet immense territoire autrefois contrôlé par de puissants royaumes africains, la colonisation succéda au trafic des esclaves, asphyxiant les arts de cour et rituels. En Europe, le public frémissait face aux «fétiches à clous» et s’attendrissait devant les dessins des «imagiers» congolais.

Réceptacles des puissances de l'au-delà

Parmi tous les instruments rituels de l’aire culturelle kongo, les «fétiches à clous» (minkondi) sont peut-être les objets qui ont le plus marqué les Européens lors de leur découverte de l’Afrique. Assimilés à des figures de violence au service de la sorcellerie, ils ont alimenté le fantasme d’une Afrique des forêts profondes, plongée dans l’obscurantisme. Littéralement habités par un esprit, ces «objets-force», anthropomorphes ou zoomorphes, sont confectionnés et manipulés par les spécialistes du rituel nganga. Les diverses charges bilongo agglomérées sur la sculpture de bois dotent l’objet d’une efficacité magique et ils sont invoqués lorsqu’un individu ou une communauté se sent affligé ou menacé.

Bibliographie

  • Savary, Claude. 1992. Objets de pouvoirs. Priuli & Verlucca, p. 50, fig. 24-25, MEG ET AF 3013

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