ETHAS 015607

Japon autel domestique triade Buddha Amida

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015607
Autel bouddhique domestique (butsudan 佛壇)
Japon, Kyōto
18e siècle
Bois. H. 172 cm; l. 136 cm; p. 82 cm
Acquis à Kyōto en 1890 par Edmond Rochette, qui en fit don au MEG en 1938
MEG Inv. ETHAS 015607, 015607-b
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La taille de cet autel et la richesse de sa décoration indiquent qu’il provient d’une famille importante. De fait, ses portes sont ornées du badge héraldique dit « revers de chrysanthème à seize pétales » (jūroku uragiku 十六裏菊), appartenant à un prince du sang, peut-être de la famille Arisugawa 有栖川.
Son aspect est celui du palais (kuden 宮殿) d’un bouddha trônant dans sa « terre pure » et ne diffère que par la taille de ceux que l’on trouve dans un temple de quelque importance. Le toit reproduit fidèlement les détails d’un bâtiment réel, avec ses consoles et ses entablements.
L’intérieur abrite les statues de la Triade du Bouddha Amida telle qu’elle apparaît aux mourants qui ont invoqué son nom, chacun des personnages étant placé sur un lotus.
Au centre, le Bouddha Amida (Amida Butsu 阿彌陀佛), assis en méditation, est entouré de ses deux assistants principaux : sur sa gauche, le bodhisattva de la compassion Avalokitasvara (Kannon 觀音) tendant un lotus en guise de siège pour le mourant, sur le point de rejoindre la Terre pure avec cette triade; sur la droite du bouddha, le bodhisattva Mahāsthāmaprāpta (Daiseishi 大勢至), symbole de son pouvoir libérateur, qui fait le geste de la salutation, paume contre paume.
Les trois statuettes sont surmontées d’un dais orné de pendeloques de joyaux (tengai 天蓋). Devant elles se trouve la place destinée à recevoir les ustensiles des trois offrandes traditionnelles : un vase à fleurs, un brûle-parfum et un chandelier.
- Le diplomate genevois Edmond Rochette (1865-1941) fit l’acquisition de cet autel à Kyôto, dans les années suivant la persécution du gouvernement japonais contre le bouddhisme; mais il indique, dans ses notes, que le déménagement de cette pièce importante dut se faire de nuit en raison de l’opposition des habitants du quartier.
Les débuts d’Edmond Rochette dans la carrière diplomatique furent rapides. Attaché de légation à Rome à vingt-trois ans, transféré au Département des affaires étrangères à Berne en 1890, il fut déjà nommé l’année suivante vice-consul de Suisse au Japon, avec rang de secrétaire de légation gérant le consulat général. C’était le premier consul de carrière que la Confédération envoyait en poste fixe à Yokohama, où il resta un peu plus d’une année.
Publiées dans le Journal de Genève en été 1893, ses Lettres du Japon racontent la manière dont des vendeurs japonais lui apportaient des pièces qu’il trouvait exposées au matin dans le corridor de son habitation, entre lesquelles il faisait alors son choix.
Quant à ce «vieux temple domestique», pièce maîtresse de sa collection, il l’avait obtenu par l’intermédiaire d’un bonze avec lequel il s’était «lié d’amitié». Placé dans son vestibule à Yokohama, conservé ensuite à Genève avec grand soin durant plus de quarante ans, cet autel, offert au MEG en 1938, accueillera dès lors les visiteurs à l’entrée du bâtiment de Mon-Repos.

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Registres d'inventaires historiques

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Registre d'inventaire original - non indexé
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Ressources

Multimédia

Ethnographie et relations internationales

Les cadeaux diplomatiques sont souvent faits d'objets «typiques». Ils renvoient à une image de soi plus ou moins stéréotypée, que l'on a fortement intégrée et/ou que l'on sait attendue. Généralement ancrée dans le passé, cette image soutient l'idée d'une continuité des peuples à travers leurs traditions. Elle contribue par-là à la légitimité des nations. Ses liens étroits avec la Société des Nations ont valu au MEG bon nombre de ces dons politiques.

Diplomates sur le terrain

Leur fonction diplomatique a été pour eux l'occasion de développer une connaissance intime de leur terre d'accueil: le Français Léonce Angrand, devenu un spécialiste reconnu du monde andin, ou le Suisse Edmond Rochette, familier de la société de Kyoto, ont transmis au MEG des objets qu'ils avaient longtemps conservés comme des souvenirs. Quant à la femme de lettres Kiku Yamata, sa double appartenance à la culture japonaise et à la culture française a fait d'elle une médiatrice sensible autant que perspicace.

Chapelains demandant l'aumône durant la semaine sainte à Lima (Pérou), aquarelle de Léonce Angrand datée du 16 mars 1837 ©BNF, Estampes et cartes, RESERVE OF-32(2)-FOL, planche 65
Les aquarelles et dessins de Léonce Angrand restituent la société péruvienne du début du 19e siècle dans sa diversité de statuts et d'origines ethniques. La colonisation et l'évangélisation qui l'accompagne, donnent lieu à des situations parfois inattendues, voire cocasses, comme cette aumône recueillie auprès d'une Indienne par un serviteur noir en grande livrée, accompagnant deux religieux abrités sous un éclatant parasol rose tenu par un autre serviteur indigène. A gauche, une «tapada» vêtue d'une jupe longue moulante et couverte d'un châle ne laissant entrevoir qu'un œil : une tenue qui permettait aux femmes de toutes conditions de circuler librement dans l'espace public et qui était fameuse auprès des voyageurs européens de l'époque.

Bibliographie

  • Rochette, Edmond. 1893. Lettres du Japon. Genève

© 2021 Musée d'ethnographie, Genève