ETHAF 019642

masque heaume "ngontang"

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019642
Masque heaume à quatre faces ñgontang
Gabon, Moyen-Ogooué
Fang, sous-groupe Betsi. 19e - début du 20e siècle
Bois, pigments, kaolin. H 39 cm
Acquis en 1944 du pasteur Fernand Grébert, missionnaire au Gabon de 1913 à 1931
MEG Inv. ETHAF 019642

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Des visages blancs, couverts de kaolin, occupent trois des faces de ce masque heaume, tandis qu’un saurien – lézard ou caméléon – est sculpté en relief sur la quatrième. Ñgontang signifie « la jeune fille blanche » ou bien « la fille de l’homme blanc ». La couleur blanche est celle des esprits des morts pour les Fang, comme dans toute l’Afrique équatoriale.
Ce masque, lié aux pratiques d’antisorcellerie, est la métaphore d’une capacité de vision absolue. Les deux visages latéraux viennent en appui du regard frontal, alors que le caméléon, aux yeux exorbités et indépendants, est plaqué au dos du masque. Ces quatre paires d’yeux traquent le sorcier maléfique qui, par essence, ne peut être vu de sa proie et qui avance, lui aussi
« masqué », invisible.
Véritable instrument de régulation sociale, la lutte contre la sorcellerie par l’intervention des masques a peu à peu disparu en pays fang au début du 20e siècle, sous la pression des missionnaires et du gouvernement colonial. Pour autant, les masques janus ñgontang dansent toujours, dans un cadre devenu festif, dénué de tension rituelle. Dans son observation des Sociétés de danse chez les Fang, Jacques Binet rapporte en 1972 que le danseur qui arbore le masque heaume lors d’une célébration publique doit être préalablement initié et s’être soumis à une continence sexuelle avant son apparition. Entièrement dissimulé sous un costume de fibres, ses mains et ses pieds glissés dans des socquettes, le danseur exécute la danse ñgontang au son de la voix d’une chanteuse, également initiée. Tous deux sont alors sous l’emprise de l’esprit de la « jeune fille blanche ».

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Registres d'inventaires historiques

Les feuillets numérisés des registres d'inventaires historiques sont soumise à un copyright.
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Le Gabon du pasteur missionnaire Fernand Grébert

Les statues de reliquaires et les masques gabonais sont des icônes de l’«art primitif» inventé par les artistes occidentaux au début du 20e siècle. Parallèlement, au cœur de l’Afrique équatoriale colonisée, disparaissaient nombre des pratiques religieuses et culturelles initiatrices de ces traditions. C’est dans ce contexte que le pasteur Grébert entreprit une grande collecte ethnographique dans le Moyen-Ogooué, dont le MEG fut l’un des bénéficiaires.

Les sociétés initiatiques

Quitter le monde des profanes pour devenir irréversiblement cet Autre auquel les aînés vont transmettre la tradition, telle est la quête identitaire des hommes et des femmes qui entrent dans une communauté initiatique au sein des sociétés lignagères d’Afrique centrale. On en dénombre une vingtaine au Gabon, dont les enseignements et les pratiques se confondent souvent. Sous l’autorité suprême des ancêtres protecteurs, elles reposent sur le principe fondamental du secret et du partage d’un savoir symbolique dans la perspective d’une régulation de la vie collective.
Le Bwete, originaire du peuple Mitsogo, est la société initiatique la plus répandue au Gabon.

Bibliographie

  • Grébert, F. 1940. Monographie ethnographique des Fang et Galoa du Gabon. Genève, MEG AF 406
  • Wastiau, Boris. 2008. Medusa en Afrique. La sculpture de l’enchantement. Genève : MEG ; Milan : 5 Continents Editions., 138, MEG ET AF 4614
  • Grébert, Fernand. 2003. Le Gabon de Fernand Grébert : 1913-1932 / introd. de Claude Savary et Louis Perrois. Genève : Musée d'ethnographie : Ed. D, cop. Collection Sources et témoignages / Musée d'ethnographie, MEG ET AF 4009

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