ETHAF 021319

Figure anthropomorphe "nkisi nkondi"

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021319
Figure anthropomorphe nkisi nkondi
Angola ou RD Congo, Bas-Congo
Kongo. 19e siècle
Bois, fer, cuir, étoffes, graines, fibre, feuilles, coquille, pigments. H 75 cm
Don de Laurent Rehfous, acquise chez Jeanne Walschot à Bruxelles vers 1930
MEG INV. ETHAF 021319
Ce sont les yeux cocardés de noir, de rouge et de blanc qui donnent au visage de ce nkisi (plur. minkisi) des Kongo un aspect captivant. Le corps lui-même est composé en quatre registres : le cou, entouré de peaux ; le torse, criblé de pointes de fer ; le ventre, avec sa masse magique incrustée d’un coquillage figurant le nombril ; un amas de pièces hétéroclites : nœuds, fibres végétales, graines, textiles.
Dans l’univers kongo, les minkisi constituent la classe d’esprits la plus importante. Ils donnent lieu, encore de nos jours, à la production de très nombreuses sculptures qui sont de véritables « objets-force » destinés à agir sur le monde, sur les êtres humains en particulier. Ces minkisi sont confectionnés et manipulés par des spécialistes du rituel que l’on appelle nganga.
Reconnus socialement indispensables, ces nganga répondent aux diverses demandes d’individus qui se sentent affligés ou menacés par des esprits maléfiques. Par exemple, un nganga utilisera ses minkisi pour redonner du succès à la chasse à
un chasseur, pour trouver et neutraliser un ensorceleur qui menace la vie de son client, ou encore pour protéger un village des vols et des agressions. Certaines de ces statues servent
 à régler des conflits entre personnes, entre familles ou entre clans. Il existe des minkisi personnels, que tout un chacun peut se procurer.
Parmi la grande diversité des minkisi, les minkondi, baptisés « fétiches à clous » par les Européens, sont des sculptures de bois anthropomorphes ou zoomorphes fichées de lames et de clous. Comme tous les autres minkisi, les minkondi portent, dissimulée, une charge magique bilongo. Enfoncer un objet contondant dans le corps du nkondi équivaut à sceller un pacte avec lui. Ainsi le nganga provoquera la colère de l’esprit résidant dans l’âme de bois, pour qu’il l’assouvisse ensuite contre les responsables d’un malheur.

Boris Wastiau

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Registres d'inventaires historiques

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L'Afrique centrale

L’Afrique centrale est plurielle; seules quelques facettes en sont montrées ici à travers sculptures, instruments du rite, armes et aquarelles. Sur cet immense territoire autrefois contrôlé par de puissants royaumes africains, la colonisation succéda au trafic des esclaves, asphyxiant les arts de cour et rituels. En Europe, le public frémissait face aux «fétiches à clous» et s’attendrissait devant les dessins des «imagiers» congolais.

Réceptacles des puissances de l'au-delà

Parmi tous les instruments rituels de l’aire culturelle kongo, les «fétiches à clous» (minkondi) sont peut-être les objets qui ont le plus marqué les Européens lors de leur découverte de l’Afrique. Assimilés à des figures de violence au service de la sorcellerie, ils ont alimenté le fantasme d’une Afrique des forêts profondes, plongée dans l’obscurantisme. Littéralement habités par un esprit, ces «objets-force», anthropomorphes ou zoomorphes, sont confectionnés et manipulés par les spécialistes du rituel nganga. Les diverses charges bilongo agglomérées sur la sculpture de bois dotent l’objet d’une efficacité magique et ils sont invoqués lorsqu’un individu ou une communauté se sent affligé ou menacé.


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