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La cartographie du roi Njoya. Représenter / traduire son espace-monde [document PDF]
Carte des Grassfields au Cameroun
Les précurseurs du mouvement pictural africain
À l’ouest de l’actuel Cameroun, une région de hauts plateaux nommée les Grassfields abrite de nombreux micro-États: l’aire de Bamenda au nord, les royaumes dits «bamileke» au sud et le royaume bamum à l’est. Avant l’ère coloniale, ces royaumes concurrents en termes de prestige et de richesses se distinguaient aussi dans les domaines des arts et de l’architecture. Les rois commanditaient alors les meilleurs sculpteurs et fondeurs de bronze des régions avoisinantes.
Sortie de masques bamum lors d’une cérémonie. Photographie d'Anna Wuhrmann, Foumban vers 1920. Photographie transmise par Josette Debarge en 1932. © Archives MEG
Issu d’un lignage princier, Ibrahim Njoya (vers 1887-1966) est le parent et l’homonyme du roi Njoya et l’un de ses plus proches collaborateurs. Associé à la plupart des inventions royales, dont celle de l’écriture, il est à l’origine du développement du dessin et de la gravure sur bois, arts dont la renommée s’étend rapidement dans les royaumes des Grassfields. Il incarne ainsi le modèle de l’artiste bamum moderne, entre savoir-faire ancien et renouvellement. Son œuvre explore plusieurs registres thématiques et techniques: dessin libre, portraits des rois bamum dont il fixe les canons, cartes, motifs décoratifs, panneaux sculptés, mobilier. Ses dessins sont essentiellement politiques, dans les années 1920, lors des conflits entre le roi Njoya et l’administration coloniale française. À la mort en exil du souverain, Ibrahim Njoya travaillera pour une clientèle étrangère diversifiée de missionnaires ou de voyageurs. La valeur esthétique des dessins prévaudra alors sur leur immense valeur historique.
Alexandra Loumpet Galitzine
Portrait d’Ibrahim Njoya, artiste et proche collaborateur du roi Njoya.Photographie d'Anna Wuhrmann à Foumban entre 1911 et 1915. Mission 21 / Basel Mission impa-m39190.
© 2021 Musée d'ethnographie, Genève