ETHMU 038933

pluriarc "lu ku"

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038933
Pluriarc lu ku joué par les femmes de la cour royale
Cameroun, Grassfields, Foumban
Royaume bamum. Fin du 19e - début du 20e siècle
Bois, fibre végétale
Don du pasteur missionnaire Jean Rusillon en 1976; récolté dans les années 1930
MEG Inv. ETHMU 038933

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Le pluriarc ou harpe bamum lu ku de la famille des cordophones, est principalement joué par les hommes et surtout les femmes de la famille royale, mais aussi par l’orchestre de la cour. C’est un instrument au son doux, rarement utilisé en association avec d’autres instruments et qui appartient à la sphère des réunions en petit nombre. Il accompagne, comme le mvet bamum, la geste dynastique et la relation des grands événements de l’histoire bamum mais est également l’instrument préférentiel des chants liés aux naissances et des berceuses, comme en atteste une photographie de reines jouant de deux harpes. Le roi Njoya appréciait particulièrement la musique et la danse et fut à l’origine de chants et de nouvelles chorégraphies.

Alexandra Loumpet-Galitzine

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Registres d'inventaires historiques

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Inventaire original MEG. Registres tapuscrits, volumes 19 à 59
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Ressources

Carte des Grassfields au Cameroun
Multimédia

Les royaumes des Grassfields au Cameroun

À l’ouest de l’actuel Cameroun, une région de hauts plateaux nommée les Grassfields abrite de nombreux micro-États: l’aire de Bamenda au nord, les royaumes dits «bamileke» au sud et le royaume bamum à l’est. Avant l’ère coloniale, ces royaumes concurrents en termes de prestige et de richesses se distinguaient aussi dans les domaines des arts et de l’architecture. Les rois commanditaient alors les meilleurs sculpteurs et fondeurs de bronze des régions avoisinantes.

Sortie de masques bamum lors d’une cérémonie

Sortie de masques bamum lors d’une cérémonie. Photographie d'Anna Wuhrmann, Foumban vers 1920. Photographie transmise par Josette Debarge en 1932. © Archives MEG

Le royaume bamum sous le règne du roi Njoya

Le royaume Bamum, vraisemblablement fondé au 17e siècle, est le plus important des micro-États des Grassfields du Cameroun. Vers 1887, un tout jeune roi, Njoya, accède au trône. Son règne correspond à une période charnière de transformation entre un État traditionnel et un ordre nouveau.

En une quinzaine d’années plusieurs mondes entrent dans le royaume, occasionnant un brassage d’influences sans précédent : islam et christianisme réformé ; colonisations allemande, britannique et française ; administrations civiles et militaires et marchands ; régiments de l’armée des Indes et tirailleurs sénégalais se croisent dans la capitale. Ils sont accueillis par le roi Njoya, personnalité exceptionnelle qui vient d’inventer une écriture originale. Constamment améliorée, celle-ci permet l’émergence d’une historiographie et d’une littérature aussi bien que l’élaboration d’une religion syncrétique révélée. Le roi innove également dans des domaines aussi divers que l’architecture, la cartographie ou la pharmacopée et réforme son royaume en profondeur. Dès 1910, la levée du privilège royal sur les motifs et les matériaux est à l’origine d’un centre de production d’objets destinés à l’exportation. Persuadé d’être en qualité et en dignité l’égal des nouveaux venus, Njoya tente ainsi d’inventer une modernité bamum. Il est secondé par une équipe de collaborateurs talentueux parmi lesquels se trouvent des maîtres artistes, tel que le dessinateur Ibrahim Njoya, mais aussi ses futurs détracteurs.

Alexandra Loumpet-Galitzine

Le roi Njoya en costume militaire allemand sur son trône. Johannes Immanuel Leimenstoll, 1908. Archive Basel Mission/impa-m28832.

L’arrivée des Allemands en 1902 rebat en effet les cartes d’une histoire locale marquée par les conflits dynastiques. L’école de la mission et le poste colonial favorisent l’émancipation d’individualités fortes à l’exemple de Mosé Yeyap, cousin et opposant déterminé au roi. Le conflit qui les opposera pour le contrôle des objets et de la représentation de l’histoire est emblématique des nouvelles tensions en cours. Relativement apprécié par les Allemands, le roi Njoya entre en conflit avec l’administration coloniale française et meurt en exil en 1933. S’il perd provisoirement la bataille politique, il la gagne symboliquement en devenant un héros célébré à l’échelle continentale jusqu’à aujourd’hui.


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