ETHAF 048288

boîte reliquaire du "lemba" et son contenu

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048288
Boîte reliquaire liée à la société secrète du Lemba
Réceptacle de différents objets à caractère métaphorique
Congo ou RD Congo, Bas-Congo, bassin du Niari? Forêt du Mayombe?
Sundi? Yombe? Aire d’influence du Lemba. 19e siècle ou début du 20e siècle
Écorce, pigments, cuivre, peau, fibres végétale, graines, perle de verre, cauris. H 28.5 cm
Ancien fonds, acquis par Eugène Pittard pour le Musée d’ethnographie avant 1934
MEG Inv. ETHAF 048288

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Cette boîte et son couvercle sont composés d’une épaisse bande écorce déroulée, cousue par deux coutures parallèles et fixée sur des rondelles de bois. Elle contient de nombreux éléments : un carré d’écorce battue, deux sachets de cuir ligaturés contenant des pigments (ocre et kaolin), deux petites boites cylindriques d’écorce dont le sommet conique est incrusté d’un cauris ou d’une graine, trois objets ovoïdes en forme de fuseaux dont le contenant invisible est emballé dans une feuille, des bracelets ouverts de cuivre, des rachis de plumes, les fragments d’un petit récipient en céramique ayant contenu de l’ocre, etc. Ces objets combinés forment un assemblage métaphorique stéréotypé, synthèse des objectifs et des interdits assignés aux sociétaires du Lemba. Le contenu d’une telle boîte-reliquaire permettait ainsi la lecture symbolique des principes structurants de cette institution initiatique.

Cette société secrète regroupant les plus riches commerçants rayonnait dans la partie septentrionale du Bas-Congo, du littoral atlantique jusqu’au pays téké, par le bassin du Niari. Son développement fut, pendant trois siècles, concomitant des relations d’échanges prospères, le long des routes de traite de la région. L’accumulation de richesses grâce au commerce régional était ainsi légitimée par le culte Lemba et écartée des présomptions de sorcellerie. Les ritualistes nganga contrôlaient ces vastes réseaux rassemblant l’élite et par là-même, maîtrisaient tant le pouvoir religieux que politique. Suspecté par les Belges et les Français d’être un moteur d’agitation politique, le Lemba fut interdit par le pouvoir colonial au début des années 1930 et certains de ses témoins matériels furent collectés par les autorités coloniales. C’est ainsi qu’Eugène Pittard fit, avant 1934, l’acquisition d’une vingtaine de boîtes lemba ainsi que d’autres instruments divinatoires en provenance du Mayombé.

Les liens matrimoniaux entre les familles membres du Lemba participaient de leur richesse et la fidélité de l’épouse à son époux garantissait sa probité commerciale, gage de réussite. Dans le Mayombé, chaque couple lemba conservait, au sein de son foyer, une boîte-reliquaire en écorce nommée khobe, peinte de rayures rouge et blanches. Plusieurs éléments confectionnés pendant le rituel initiatique (sacs remplis de graines, coquillages, morceaux de fer, paquets renfermant des ongles ou cheveux du conjoint) étaient conservés à l’intérieur et symbolisaient, notamment, la fidélité et la dimension familiale.

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L'Afrique centrale

L’Afrique centrale est plurielle; seules quelques facettes en sont montrées ici à travers sculptures, instruments du rite, armes et aquarelles. Sur cet immense territoire autrefois contrôlé par de puissants royaumes africains, la colonisation succéda au trafic des esclaves, asphyxiant les arts de cour et rituels. En Europe, le public frémissait face aux «fétiches à clous» et s’attendrissait devant les dessins des «imagiers» congolais.

Réceptacles des puissances de l'au-delà

Parmi tous les instruments rituels de l’aire culturelle kongo, les «fétiches à clous» (minkondi) sont peut-être les objets qui ont le plus marqué les Européens lors de leur découverte de l’Afrique. Assimilés à des figures de violence au service de la sorcellerie, ils ont alimenté le fantasme d’une Afrique des forêts profondes, plongée dans l’obscurantisme. Littéralement habités par un esprit, ces «objets-force», anthropomorphes ou zoomorphes, sont confectionnés et manipulés par les spécialistes du rituel nganga. Les diverses charges bilongo agglomérées sur la sculpture de bois dotent l’objet d’une efficacité magique et ils sont invoqués lorsqu’un individu ou une communauté se sent affligé ou menacé.


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